Les micro-algues sont au cœur de la stratégie énergétique de la Réunion. Une étude de 6 mois a été réalisée dans notre île sur le potentiel de développement de la filière micro-algue. Car ces microorganismes sont au cœur d’un enjeu important : la production de biodiesel.
La Réunion de part son climat est la terre promise pour la culture des micro-algues. L’objectif comme le rappelle le rapport de 85 pages de Mélanie Salomez : « est de créer une nouvelle chimie basée sur l’utilisation de ressources renouvelables à court terme ». Bienvenue dans l’univers de la chimie verte. Ces microalgues présentes dans les eaux douces et marines sont la ressource renouvelable. Elles croissent à une vitesse grand V et leur productivité à l’hectare est importante.
Face aux risques de pénurie du pétrole et à la volonté de suppléer à la pétrochimie, la culture de micro-algues dans notre île présente plusieurs intérêts. Cette activité agricole qui fixe le carbone ne participe pas à l’effet de serre et « elles font parti des premiers organismes à être apparus sur terre et à avoir contribué à l’élaboration de notre atmosphère actuelle en captant l’énergie solaire » ajoute la rédactrice du rapport.
Autre avantage on estime entre 200 000 et plusieurs millions le nombre d’espèces de micro-algues alors que seulement 250 000 espèces de plantes supérieures terrestres sont recensées. C’est donc qu’il existe sans doute une importante diversité de micro-algues à découvrir.
La Réunion est donc la région du monde ou le développement de cette activité est favorable grâce à un ensoleillement important et des températures élevées et stables tout au long de l’année, favorables à la photosynthèse. Toutefois notre île connaît des contraintes climatiques importantes comme les cyclones et les fortes précipitations. C’est pourquoi le développement d’une telle activité est envisagé du côté de l’Etang Salé, sous la forme d’une production en photobioréacteur sous des serres anticycloniques.
Et Mélanie Salomez de conclure : « Cette technologie étant couteuse, les marchés à forte valeur ajoutée, comme la cosmétique ou la pharmaceutique seront visés à un niveau national mais également international. Pour toute la cote ouest une production en bassin est envisageable pour des valorisations à plus faible valeur ajoutée (aquaculture, alimentation) ».
Les micro-algues sont riches en triacylglycerols. En produisant suffisamment de biomasse, il suffirait de récolter ces micro-algues et d’en extraire les huiles. Il serait alors possible de cultiver massivement, dans de grands bassins en plein air ou dans des bioréacteurs, ces bio-usines cellulaires à carburant.
Problème : les premières recherches sur les algues riches en huiles débutent en 1978, aux Etats-Unis, alors que le pays traverse la crise du peak-oil. Le programme a été arrêté en 1996 après 18 ans de recherche afin d’évaluer la faisabilité d’une production de biodiesel à partir de la micro-algue. En France le programme SAMASH, doté d’un budget de 2,8 millions d’euros (2007-2010) vise à produire un biocarburant compétitif par rapport aux filières oléagineuses terrestres. Le biodiesel algal est donc un concurrent sérieux dans la recherche de sources énergétiques renouvelables et de biocarburants. Mais il reste à améliorer ses systèmes de production pour produire en masse.