Cela fait 30 ans que la consommation électrique dans notre île n’avait pas été aussi stable. Avec 3,1% de croissance en 2009, elle est le signe que la crise a frappé l’industrie, et que les actions de maitrise de la consommation porte ses fruits.
19h00, il fait noir, j’ai allumé quelques lampes dans la maison. On branche la marmite de riz électrique, comme tous les soirs. C’est l’heure de mon journal télévisé. Et là je vois à la télévision le directeur général d’EDF Réunion, Jean Michel Deveza qui annonce que l’année 2009 "confirme la stabilisation de la croissance de la consommation d’électricité à un niveau de 3,1% par an déjà constatée en 2008". Il paraît que c’est une bonne nouvelle. Tout simplement parce qu’elle est à mettre au crédit des actions de maîtrise de l’énergie déployées par EDF et ses partenaires du comité de maîtrise de l’énergie. Il s’agit de l’Etat, la Région et de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie).
Ce n’est pas la seule raison. Cette stabilité trouve également sa source dans le contexte de morosité économique. Les industriels malgré une saison sucrière supérieure à la normale ont maitrisé leur consommation. 29,29 % de la consommation totale de l’île, soit -0,4 % par rapport à l’année 2008. Du côté des ménages, même constat. Ils consomment 44 % du potentiel total d’électricité. En stabilité par rapport à l’année 2008. Les réunionnais ont donc fait attention à leur consommation électrique afin de maitriser un poste de dépense important dans les ménages, mais ils ont surtout adopté des comportements plus économes en énergie. Plus de lampéco, moins de climatisation sans doute.
Un niveau de croissance qui "représente l’équivalent de la consommation d’une ville comme Saint Benoit". Les centrales thermiques ont été très fortement sollicitées en 2009 pour répondre à ces nouveaux besoins. Et "proportionnellement la part des énergies renouvelables dans le mix de production a, de ce fait, régressé de 3,5 %".
Mauvaise nouvelle donc. La part des énergies renouvelables, solaire, hydraulique et éolien diminue… au profit des énergies fossiles. Les capacités ont pourtant nettement augmenté sur notre île. Et 2009 marque un tournant historique dans le développement du solaire. Grâce notamment aux nouvelles installations photovoltaïques qui ont augmenté leur puissance de 10 MégaWatts (MW), portant ainsi à 42 MW la puissance totale installée sur l’île. L’enjeu pour 2010 étant l’intégration de 50 MW supplémentaires pour le gestionnaire du système électrique.
Mais la Réunion est à la recherche de son second souffle. Quasi autosuffisante dans les années 1980 grâce à son parc hydraulique, l’île a vu ses besoins électriques s‘accroître sous l’effet de son dynamisme démographique et de l’avènement de la société de consommation. Mais aujourd’hui, la dépendance aux énergies fossiles importées continue à s’accroître malgré le développement de l’exploitation des ressources locales au travers de procédés innovants : exploitation de la bagasse dans les années 90, et aujourd’hui développement des énergies éolienne et photovoltaïque. La part des énergies renouvelables était de 32,5% en 2009, contre 36% en 2008. Un retrait qui trouve son explication dans l’augmentation ininterrompue des consommations.
Le groupe EDF qui ne produit aujourd’hui plus que 40% de l’électricité sur le département, investit donc dans plusieurs domaines. Dans l’expérimentation sur le stockage de grande capacité et la recherche sur les réseaux intelligents de demain : "la mise en service fin 2009 d’une batterie de stockage de 1 MW constitue à ce titre une première européenne", explique Jean Michel Deveza. Investissement également du groupe dans l’augmentation de la capacité de production hydro-électrique de l’installation de Rivière de l’Est et dans les expérimentations sur les énergies des mers.
"L’équilibre entre la production et la consommation reste par nature fragile dans notre petit système électrique insulaire", annonce le directeur d’EDF. Pour garantir la sécurité d’alimentation et accroître l’autonomie énergétique de l’île, la maîtrise de l’énergie reste la priorité absolue. Nicolas Sarkozy de passage dans notre île en février dernier avait en effet déclaré : "La Réunion doit devenir un laboratoire pour le développement durable, un exemple pour la métropole. L’île doit avoir 100% d’autonomie énergétique en 2030".
Le clic de la marmite à riz vient de retentir. Il est temps de passer à table. Comme des milliers de réunionnais à la même heure. EDF peut souffler la consommation de l’île redevient normale.