Des crises et des règles : Vers la fin de la crise boursière et financière ?
La crise boursière et financière est sans doute en voie de règlement. Même si l’on est jamais certain d’éviter d’autres soubresauts et d’avoir atteint le fond dans une crise de cette nature. En effet les opérations correspondantes sont fortement liées à la confiance des différents acteurs (banques, épargnants...) et c’est une variable qui repose largement sur un comportement d’imitation.
Cette confiance, ou cette défiance, peut conduire les uns et les autres à se conduire de manière totalement irrationnelle. Cela peut pousser les cours boursiers à des niveaux déraisonnables ou provoquer la faillite de banques auparavant en excellente santé. Il semble néanmoins que les mesures importantes prises par les principales économies (Plan Paulson aux USA, accord du G7 le 10 octobre, accord de la zone euro et de la Grande-Bretagne le 12 octobre) soient à même de rétablir le calme sur les marchés boursiers et d’assurer une certaine stabilité de l’ensemble du système financier.
Cette crise montre que les opérations relatives à la monnaie et à la finance en général sont très fortement déterminées, au moins à court terme, par des mécanismes psychologiques mimétiques et que face à cela les états sont souvent assez démunis. Il leur faut trouver des mesures d’urgence adaptées (cela semble être le cas) et surtout une communication efficace, ce qui n’a pas été évident au moins au début de la crise. La nouveauté est sans doute constituée, plus que par l’importance des sommes engagées, par la forte volonté des états de coordonner leurs actions
Et le début de la crise économique !
Par contre, le dommage collatéral de cette crise boursière et financière est devant nous. Elle a entraîné une pénurie de crédit pour les entreprises, les ménages, les collectivités locales... Cela va se traduire par moins de croissance et sans doute moins d’emplois dans un grand nombre d’économies dans les mois qui viennent.
Enrayer la croissance du chômage ne va pas être simple. En France, le gouvernement pense en particulier à relancer les emplois aidés ! C’est complètement opposé à sa doctrine la plus fondamentale : les emplois durables sont générés par la croissance économique et non pas par des emplois, essentiellement non marchands, financés par l’État. De plus cela semble assez difficile à concilier avec l’objectif de retour à l’équilibre du déficit public en 2012. D’autres pensent à des relances plus classiques (des dépenses keynésiennes), éventuellement coordonnées au niveau européens ou plus ciblées, au profit des PME ou de l’innovation par exemple.
Mais le problème de fond est dans les nouvelles règles
La crise monétaire et financière et la crise économique qui la suit sont de nature conjoncturelle, elles passeront. Par contre le problème de fond qu’elles posent est d’ordre structurel. Si l’on désire éviter qu’elles ne réapparaissent rapidement, il va falloir changer les règles de fonctionnement du système financier. Elles devront permettre un meilleur contrôle des prises de risque par les banques. Cela ne va pas être simple non plus, car il s’agit de limiter les excès de la recherche du profit.
Dans un système capitaliste la modération de la soif du profit est un problème permanent. Pour que ce système fonctionne sans crise majeure des règles publiques contraignantes doivent être mises en place, la seule auto-régulation des marchés à montré ses limites.
La leçon de tout cela c’est que le libéralisme triomphant dans lequel baigne l’économie mondiale depuis plusieurs dizaines d’années doit être remis en cause très profondément. Les économies resteront des économies de marché, c’est encore ce que l’on a trouvé de moins mauvais, mais des règles plus contraignantes devront les encadrer. C’est là que le vrai débat politique aura lieu.
Il ne faut pas rêver non plus, l’histoire économique montre qu’il y a toujours eu des cycles pour les règles entre confiance, opportunisme et défiance :
les abus dans la recherche du profit (opportunisme financier) provoquent une crise,
cette crise va inciter les responsables politiques à appliquer des règles destinées à limiter un opportunisme excessif et rétablir la confiance,
au fil du temps, elle revient, et progressivement les règles sont appliquées moins rigoureusement ou elles sont atténuées, voire même supprimées,
l’opportunisme financier peut alors se développer, jusqu’à la prochaine crise !
Il ne nous reste donc plus qu’à trouver les « bonnes nouvelles » règles qui permettront d’éloigner le plus possible la prochaine crise !
Voir le site de Jean-Yves Rochoux