Rachat d’Antenne Réunion par Océinde : 3 questions à Nassir Goulamaly

Nassir Goulamaly, 46 ans, dirige depuis 2001 avec sa sœur Azmina le groupe Océinde fondé par leur père Abdé-Ali Goulamaly. Ce diplômé de l’EM Lyon et de Sciences Po Paris a fait ses classes en Indonésie à la direction financière d’Alcatel mobile entre 1995 et 1998 puis a rejoint le groupe familial. Il est en charge des activités Chimie du Bâtiment (avec la marque Mauvilac notamment) et Télécoms (avec l’opérateur Zeop, leader réunionnais de l’Internet triple play par fibre optique).

Océinde c’est aussi un pôle Produits de la Mer (avec notamment Armement des Mascareignes et Qwehli) et un studio d’animation, Pipangaï, qui réalise en ce moment toute l’animation en volume de "Zombillénium" adaptation 3D très attendue de la célèbre bande dessinée d’Arthur de Pins.

LINFO.re : On connaît Océinde pour sa présence dans les télécoms, la chimie, la pêche industrielle, pour quelles raisons Océinde investit-elle dans l’univers des Média ?
Nassir Goulamaly : Vous auriez pu poser la même question à mon père au début des années 90 : "Pour quelles raisons un groupe industriel présent dans la pêche et la peinture veut-il lancer un opérateur de téléphonie mobile à La Réunion ?" En fait, Océinde a toujours été un groupe pionnier ayant la volonté de détecter les grandes tendances. Ce qui réunit des activités qui semblent au premier abord très diverses, c’est la volonté de notre famille de nous développer sur des secteurs d’avenir. Les hommes auront de plus en plus besoin de communiquer, de se nourrir, d’habiter des maisons résistantes et agréables à vivre. C’est pourquoi nous avons développé des activités dans les télécoms, les produits de la mer et la chimie du bâtiment. Notre entrée dans les médias s’inscrit dans la même logique : plus notre monde se globalise, plus nous avons besoin de retrouver de la proximité, de créer du lien, c’est justement ce que fait le groupe Antenne Réunion, à travers la chaîne de télévision de cœur des réunionnais bien sûr, mais aussi grâce à son développement exemplaire dans le digital et dans la production de contenus réunionnais.

LINFO.re : Quelles ambitions avez-vous pour Antenne Réunion ?
NG : Nous avons l’ambition d’être un bon actionnaire qui accompagne l’équipe en place et lui donne les moyens d’écrire une nouvelle page de l’histoire de ce groupe magnifique. Antenne Réunion doit rester un groupe à l’ADN réunionnais et proposer toujours plus de services qui rapprochent les réunionnais et facilitent leur vie de tous les jours, comme l’e-commerce et les petites annonces par exemple. Antenne Réunion a aussi le potentiel pour rayonner dans l’ensemble de l’Océan Indien et au-delà vers l’Afrique francophone, notamment dans les activités de production audiovisuelle. Christophe Ducasse, ses deux directeurs généraux adjoints Bertrand Querné et David Margottin et leurs équipes, ont développé un groupe solide qui avance sur deux pieds, la télévision gratuite hertzienne et le digital. C’est assez unique. En métropole, seul le groupe Le Figaro a vraiment réussi à être leader à la fois sur son média traditionnel d’origine, le papier, et sur le digital.

LINFO.re : Votre groupe est présent à la Réunion, en France Métropolitaine mais aussi au Mozambique et à Madagascar ? Ou allez-vous vous arrêter ?
NG : Je ne dirai pas comme Elon Musk que Mars est notre prochaine frontière, néanmoins nous ne nous interdisons rien même si La Réunion est et restera la base du groupe Océinde non seulement d’un point de vue économique mais aussi au niveau de nos racines. Ce qui nous guide, ma sœur Azmina et moi, c’est la passion de construire et d’accompagner de beaux projets, sur des secteurs d’avenir, avec des équipes engagées qui donnent la priorité au client et à la qualité de service et qui ont le courage de rivaliser avec les grands groupes internationaux. C’est précisément ce que nous avons trouvé chez Antenne Réunion.