Selon une enquête de l’Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM), le surendettement touche en priorité les personnes seules, notamment les femmes et les ouvriers et employés.
L’étude réalisée par l’Iedom sur le surendettement des particuliers dans les départements d’Outre-Mer porte sur des données extraites des dossiers de surendettement examinés entre le 1er janvier 2010 et le 31 octobre 2010 par les commissions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de la Réunion.
L’Iedom précise que cette enquête porte donc sur la situation avant la mise en vigueur du nouveau dispositif légal du traitement de surendettement de la loi "Lagarde", porant sur la réforme du crédit à la consommation (cf linfo.re : Surendettement : les nouvelles mesures de la loi Lagarde).
L’Institut précise également que les commissions de surendettement de Saint-Pierre et Miquelon et de Mayotte n’ont pas été prises en compte dans ces chiffres, en raison de leur activité très réduite. Au total, 1388 dossiers, soit la situation de 1697 personnes qui ont été examinés.
Globalement l’Iedom note une amplification du phénomène de surendettement et un changement de sa nature. "Le cœur du dispositif de surendettement s’est clairement déplacé vers des débiteurs fragilisés socialement et économiquement., précise l’institut. Même si la situation économique et sociale est plus difficile dans les départements d’Outre-Mer qu’en métropole, le taux de recours à la procédure de surendettement par habitant est trois fois moins élevé. La proportion est de l’ordre de 1,3 dossier pour 1000 habitants dans les DOM au lieu de 3,7 pour 1000 en France métropolitaine. L’institut explique cette donnée par le fait les habitants des DOM engagent moins facilement la procédure.
L’enquête de l’Iedom vise à définir le profil sociodémographique des personnes déposant un dossier de surendettement dans les DOM et à mettre en évidence les différences et les ressemblances avec la métropole. "A grand traits, le portrait-type du débiteur surendetté domien n’est pas si éloigné de celui de la métropole.", résume l’Iedom.
"Il s’agit dans les DOM plutôt d’une personne seule de 35 à 54 ans, avec un ou plusieurs enfants à charge. La plupart du temps chômage, avec des ressources faibles (dans 59 % des cas, ils sont inférieurs ou égaux au SMIC) dans lesquelles les prestations sociales tiennent une grande place. Le surendetté domien est en général dépourvu de patrimoine, majoritairement locataire. La capacité de remboursement est faible ou négative."
7 surendettés sur 10 seuls
7 surendettés sur 10 sont des personnes vivant seules et les difficultés financières s’accumulent souvent après un "accident de la vie", soit un divorce, un décès du conjoint, d’une perte de l’emploi. Ainsi, 33 % des situations de surendettement proviennent d’un licenciement ou d’une situation de chômage, 13 % d’une baisse des ressources, 12 % d’un divorce, d’une séparation ou d’un décès d’un membre de la cellule familiale, et enfin 8 % des dépôts des dossiers ont pour origine un accident, la maladie ou l’invalidité. Seuls 8 % des situations de surendettement proviennent d’un excès de crédits à la consommation et 12 % d’une mauvaise gestion du budget.
Les femmes seules et les femmes célibataires sont présentes dans une proportion plus importante que les hommes seuls (46 % contre 25 %) et les hommes célibataires (27 % contre 15 %), tendance que l’on retrouve également, mais de façon un peu moins marquée, en métropole. Comme en 2006, une majorité de surendettés a au moins une personne à charge (55 % en 2010 contre 60 % en 2006).
Employés et ouvriers davantage touchés
D’un point de vue socioprofessionnel, ce sont les employés et les ouvriers qui sont les plus concernés par le surendettement. En effet, ils ne représente que 40% de la population totale des DOM, mais 58% d’entre eux sont surendettés. Ce chiffre est révélateur des disparités selon les catégories socio-professionnelles. Dans le détail, les employés représentent 46 % des débiteurs surendettés tandis que les ouvriers représentent près de 12 % des surendettés.
50% des surendettés âgés de 35 à 54 ans
Les 35-54 ans représentent, dans les DOM comme en métropole, plus de la moitié des surendettés (58 % dans les DOM et 54 % en métropole) alors qu’ils n’étaient que 51 % dans les DOM en 2006. Les surendettés âgés de 45 ans et plus, représentent 51 % des surendettés contre 46 % en 2006, ce qui témoigne d’un certain vieillissement de la population des surendettés, phénomène également constaté en métropole (49 % de 45 ans et plus). A l’instar de la métropole où cette tendance est néanmoins moins nette, les femmes sont sur-représentées dans la population totale des surendettés, et plus particulièrement entre 25 et 54 ans (dans cette tranche d’âge, elles représentent 60 % des surendettés).