Depuis des années, le secteur du BTP est le premier fournisseur d’emplois dans l’île. Ce poumon économique vital de la Réunion est au plus mal depuis fin 2008. Aujourd’hui face à la crise et à la pénurie de chantiers, le bilan est grave : plus de 10 000 emplois suprimés et un manque de plusieurs centaines de millions d’euros pour les entreprises.
Au lendemain de l’élection de la liste de Didier Robert à la Région, les professionnels du BTP attendent une réponse tranchée sur la reprise ou non du proget Tram train. Celui de la nouvelle route du littoral ne commencera pas maintenant.
Pour se rappeller l’importance de la filière bâtiment à la réunion, il est bon de se replonger dans la dernière vrai année faste du BTP : l’année 2006 :
Le secteur a généré cette année là, sous-traitance comprise, près de 2 milliards de chiffres d’affaires. Le tissu est alors composé à 90 % d’entreprises artisanales, qui orientent leur activité vers le gros oeuvre. Seules 21 entreprises emploient au moins 50 salariés et réalisent 28 % du chiffre d’affaires du secteur, en privilégiant les travaux publics.
Le secteur de la construction a été pendant longtemps un moteur important du dynamisme économique réunionnais. Mais les années 2008 et 2009 ont vu la fin de grands chantiers, tels que la route des Tamarins, le raccordement du boulevard Sud de Saint-Denis ou l’aménagement du Port Est. Ainsi, si l’activité des entreprises du BTP a été très positive pour la croissance et l’emploi jusqu’en 2007, la conjoncture actuelle, qui favorise un ralentissement de l’activité économique, cumulée à la diminution des investissements publics, risquent de peser lourd sur les entreprises et les emplois du secteur du BTP à La Réunion.
Durant plusieurs années, le secteur du BTP a créé de nombreux emplois sur l’île, et représente à lui seul 9 % des emplois marchands début 20081, pour moins de 7 % en France hexagonale. Entre 2003 et 2008, sur trois emplois créés à La Réunion, un l’a été au sein d’une entreprise de construction. Il s’agit d’emplois salariés, qui ont particulièrement augmenté ces dernières années dans ce secteur. Ainsi, début 2008, le BTP emploie 18 600 salariés, alors qu’il en employait 9 000 huit ans auparavant. Mais c’est plutôt à partir de 2003 que les créations d’emplois se sont réellement accentuées.
Début 2007, plus de 4 100 entreprises2 composent le tissu réunionnais du BTP et leur nombre est en progression de plus de 50 % depuis 2000.
Leur chiffre d’affaires net de sous-traitance s’est élevé à environ 1,8 milliards d’euros en 2006. Le montant de la sous-traitance déclarée par les entreprises du BTP en 2006 avoisine les 238 millions d’euros, ce qui représente 13,3 % du chiffre d’affaires net (17 % en métropole).
Comme en métropole, le tissu est composé essentiellement de petites entreprises. Ainsi, plus de 40 % des entreprises du BTP n’emploient aucun salarié, et 91 % d’entre elles sont qualifiées "d’artisanales", en employant moins de 11 salariés.
Le nombre d’entreprises artisanales du BTP a progressé au même rythme que l’ensemble des entreprises du secteur. En 2006, elles ont réalisé 40 % du chiffre d’affaires du BTP (7 % pour les entreprises sans salarié), avec 41 % des emplois. Sur ces deux points, elles ont perdu du terrain comparativement à 1999, où elles généraient 45 % du chiffre d’affaires en employant 47 % des salariés.
Les entreprises de taille intermédiaire (qui emploient entre 11 et 49 salariés) se sont davantage développées, par rapport aux entreprises artisanales, en terme de chiffre d’affaires et d’emploi. Elles représentent à peine 8 % des entreprises du secteur, mais leur nombre est en progression de 90 % depuis 1999. Elles emploient 39 % des salariés, en progression de 6 points, et leur chiffre d’affaires a doublé depuis 1999, pour atteindre 586 millions d’euros.
Seules 21 entreprises réunionnaises du BTP emploient au moins 50 salariés en 2006. Leur poids dans le secteur est malgré tout considérable, puisqu’elles emploient 20 % des salariés et réalisent 28 % du chiffre d’affaires. Leur nombre est quasiment stable depuis 1999, ce qui peut en partie s’expliquer par un effet de seuil, généré par les mesures qui favorisent les entreprises domiennes de moins de 50 salariés. En effet, la Loi programme pour l’outre-mer (Lopom) du 21 juillet 2003, précédée de mesures déjà engagées par la Loi d’orientation pour l’outre-mer (Loom) de 2000, bénéficie plus largement aux entreprises ne dépassant pas le seuil des 50 salariés.
Les entreprises du BTP réunionnaises réalisent 68 % de leur chiffre d’affaires sur des chantiers de bâtiment. Ainsi, en 2006, ces travaux ont généré 1,36 milliards de chiffres d’affaires, sous-traitance comprise. En métropole, 75 % du chiffre d’affaires des entreprises du BTP est réalisé dans le bâtiment. À La Réunion, les mesures successives de défiscalisation en faveur des ménages accédant à des logements neufs ont orienté le marché du bâtiment vers la construction plutôt que la rénovation.
Les entreprises réalisent ainsi 44 % de leur chiffre d’affaires dans le gros oeuvre, le second oeuvre ne représentant plus que 23 % du chiffre d’affaires global. À l’inverse, l’activité des entreprises métropolitaines est plus orientée vers la rénovation, le second oeuvre représentant 47 % du chiffre d’affaires, le gros oeuvre contribuant pour sa part à hauteur de 28 %.
En 2006, les travaux publics pèsent pour 32 % dans le chiffre d’affaires des entreprises réunionnaises du BTP (24 % en métropole). Les investissements publics dans des chantiers d’envergure, tels que le basculement des eaux, la route des Tamarins et le boulevard Sud favorise l’activité dans les travaux publics à La Réunion, et explique sans doute l’écart de 8 points avec la métropole.
Selon leur taille, les entreprises réunionnaises du BTP ne s’orientent pas vers les mêmes chantiers. Les entreprises artisanales, qui réalisent 747 millions d’euros de chiffre d’affaires (soustraitance comprise), privilégient le bâtiment. Près de la moitié du chiffre d’affaires est réalisé dans le gros oeuvre, répartie de façon équitable entre la construction de maisons individuelles ou de bâtiments divers et les travaux de maçonnerie, de montage et de levage.
Un tiers est réalisé dans le second oeuvre et seulement 18 % dans les travaux publics, en particulier la démolition et le terrassement.
Les travaux des entreprises de 11 à 49 salariés sont mieux répartis : 40 % de leur chiffre d’affaires est réalisé dans le gros oeuvre, et le reste est partagé équitablement entre le second oeuvre et les travaux publics.
Plus sélectives, les entreprises de 50 salariés et plus délaissent le second oeuvre, qui représente moins de 5 % de leur chiffre d’affaires. Leur activité s’oriente très nettement vers les travaux publics et dans la construction de maisons individuelles et de bâtiments divers (respectivement 50 % et 42 % de leur chiffre d’affaires).
Sources :INSEE