Christophe Monchal, gendarme âgé de 43 ans, comparaît libre ce lundi 13 septembre pour " coups mortels " après avoir tiré à bout portant sur un évadé issu de la communauté des gens du voyage en 2008.
Le 23 mai 2008 à 21 h 30, dans la ville de Draguignan, le gitan Joseph Guerdner, qui faisait l’objet de plusieurs procédures, notamment pour agression, vols et violences avec arme, ou encore pour la séquestration d’un routier, avait tenté de s’évader lors de sa garde à vue. Prétextant une envie de fumer une cigarette, Guerdner avait profité d’un moment d’inattention de ses gardes pour sauter par la fenêtre, avant de prendre la fuite. Le gendarme Christophe Monchal se lançait alors à sa suite. Au cours de la course-poursuite, il avait tiré à sept reprises. Trois projectiles avaient atteint leur cible.
Même blessé et menotté, et malgré ses poignets entravés, le fugitif avait réussi à franchir un grillage et s’était réfugié dans un arbre située dans une institution religieuse voisine, où son poursuivant l’avait découvert agonisant.
Tout est ensuite allé très vite. Le gendarme a été mis en examen pour le décès de Guerdner, père de trois enfants. Lors de son audition, le gendarme a assuré qu’il avait fait des sommations avant de faire feu, en criant : " Arrête ou je tire ! ". Il affirmait n’avoir jamais voulu tuer l’évadé. Il déclarait avoir pointé son arme sur les jambes du prisonnier, seul moyen de l’arrêter dans sa course, selon ses dires. Des arguments qui semblaient être suffisamment solides pour attirer la clémence du juge.
A la fin de l’instruction, Christophe Monchal a bénéficié d’un non-lieu. Le juge estimait que toutes les conditions (fuite caractérisée, dangerosité du suspect, sommations...) étaient réunies pour permettre au gendarme de faire usage de son arme à feu. Une décision que les proches de la victime ont vivement contestée. Fin 2009, ils ont décidé de faire appel du jugement. La chambre d’instruction a pris en compte leur demande en ordonnant un renvoi aux assises.
Les juges de la cour d’assises écartent aujourd’hui toute intention homicide chez Monchal, mais ils lui reprochent d’avoir eu la gâchette facile. Selon leurs explications, il y avait encore pour le gendarme une " possibilité d’alerter les autres militaires et d’organiser une course-poursuite ". D’autant que l’évadé n’était pas armé. " Ils auraient pu le rattraper autrement, les tirs n’étaient en rien justifiés ", fustige Me Ciccolini de la cour d’assises du Var, en soulignant l’absence de " nécessité absolue " exigée pour qu’un militaire soit autorisé à tirer. Le verdict est attendu ce vendredi 17 septembre.