Un scandale politico-judiciaire vient d’éclater au cœur de l’Inspection générale des services (IGS), communément appelée la " police des polices ". Selon une information du journal Le Monde, la police des polices de Paris aurait monté de toutes pièces un dossier afin de mettre en cause cinq fonctionnaires jugés trop proches du Parti Socialiste.
Selon Le Monde, une enquête a été ouverte au sein de la police des polices (IGS), accusée d’avoir "sciemment truqué" une procédure en 2007, peu avant l’élection présidentielle, dans le but de nuire à des policiers "jugés trop éloignés du pouvoir sarkozyste".
Procès-verbaux falsifiés, retranscriptions d’écoutes téléphoniques tronquées ou encore des déclarations déformées, mais aussi des pressions sur des témoins … autant de machinations orchestrées à l’époque dans le cadre d’une information judiciaire sur un supposé trafic de titres de séjour au sein de la Préfecture de police. Objectif : mouiller jusqu’au cou des policiers et hauts fonctionnaires qui semblaient trop proches du PS.
A la suite de ce coup monté ou "cette affaire montée de toutes pièces", selon les propres termes des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, cinq fonctionnaires dont Yannick Blanc, alors directeur de la police générale, Bruno Triquenaux et Christian Massard ont été suspendus de leurs fonctions.
Cependant, les policiers mis en cause ont tous été innocentés par la Cour d’appel de Paris en janvier 2011 au terme d’un long marathon judiciaire. Pour autant, l’affaire était loin d’être close. Selon les informations du Monde, une instruction est actuellement ouverte pour faire la lumière sur l’enquête truquée de la police des polices, soupçonnée, selon le quotidien, d’avoir agi à des fins politiques. La justice planche aujourd’hui sur quatre chef d’accusation notamment pour "faux en écriture publique", "violation du secret de l’instruction", "dénonciation calomnieuse" et "violences volontaires".
Depuis mars 2010, l’ancien directeur de la police générale, Yannick Blanc, suspecté de trafic des titres de séjour, montrait du doigt "une affaire de corruption et de trafic d’influence parfaitement imaginaire". Mercredi 11 janvier sur Europe 1, il a persisté à dénoncer le "biais politique" dont il a été victime. "J’étais un haut fonctionnaire connu pour avoir appartenu à des cabinets de gauche (...) Il me semble que d’aucun ait considéré que je n’avais pas ma place à un poste de responsabilité ", affirme-t-il.
Cette affaire ne manquerait d’avoir des retentissements politiques pouvant semer l’embarras dans l’entourage de Nicolas Sarkozy. Alors que l’opposition socialiste ne s’empêche pas de pointer une "manipulation" diligentée à l’approche de l’élection présidentielle de 2007, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, lui, a émis un démenti catégorique, condamnant ce qu’il considère comme "des informations tronquées", voire un complot.