Le Parlement européen est monté au créneau hier en appelant les autorités françaises à "suspendre immédiatement toutes les expulsions des Roms". La réponse de l’administration Sarkozy ne s’est pas fait attendre. Le Ministre de l’Immigration Eric Besson a répondu qu’il n’en est pas question.
Jeudi, le Parlement européen a voté une résolution qui demande aux Etats européens de "suspendre immédiatement toutes les expulsions des Roms". Cette résolution, présentée par une coalition de la gauche et des libéraux, vise particulièrement la France dont l’expulsion massive des Roms a fait polémique ces dernières semaines. Elle a été adoptée par 337 voix contre 245 et 51 abstentions. Ainsi, le Parlement européen se dit "préoccupé par les mesures prises par les autorités françaises à l’encontre des Roms et des gens du voyage prévoyant leur expulsion". La résolution souligne que "les expulsions collectives sont interdites par la Charte des droits fondamentaux et par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales". Par ailleurs, le Parlement se dit inquiet de "la rhétorique provocatrice et ouvertement discriminatoire" qui accompagne les opérations de renvoi des Roms dans leur pays.
Le Ministre de l’Immigration Eric Besson a réagi immédiatement en indiquant que la France ne renoncera pas à l’expulsion des Roms. En visite en Roumanie avec le Secrétaire d’Etat aux affaires européennes Pierre Lellouche, Eric Besson dénonce un diktat politique. D’après lui, le Parlement est sorti de ses prérogatives. Pierre Lellouche de son côté estime que le Parlement européen est en train "de se décrédibiliser". "Je réponds au Parlement européen qu’ils sont en train de se décrédibiliser et je le leur ai dit en face. Quand le Parlement européen viole lui-même les textes, c’est-à-dire les directives sur les mouvements internes dans l’Union européenne et dit « non, vous n’avez plus le droit d’expulser », ça veut dire quoi ? L’article 3 du traité n’a plus aucune valeur ? La loi européenne, c’est que la liberté de circulation s’applique dans les 27 Etats. C’est trois mois de résidence - pas 30 ans - et c’est pas aux frais de la princesse : personne n’a le droit d’aller s’installer sans ressources à l’autre bout de l’Europe aux frais du pays d’accueil", déclare le Secrétaire d’Etat sur France Inter.
Quoiqu’il en soit, si le texte du Parlement européen n’a aucun caractère obligatoire, il a une forte valeur symbolique.