Au lendemain de sa libération, Roméo Langlois s’est envolé de Bogota – Colombie – pour la France, où il est attendu ce vendredi 1er juin à partir de 10h40, heure française.
Avant de quitter Bogota ce jeudi 31 mai, Roméo Langlois s’est exprimé sur les circonstances de sa capture et ses conditions de détention. « Je soutiens totalement l’armée colombienne. Elle n’est d’aucune manière responsable de ce qui m’est arrivé », déclare-t-il lors d’un point de presse à l’ambassade de France.
«
Il s’agit d’un accident professionnel. Parfois l’opinion cherche des coupables, mais cela fut un fait de guerre (...) il n’y a pas eu d’erreur de manœuvre commise (par l’armée), mais la guérilla était sur son terrain », poursuit
Roméo Langlois. Selon lui, les soldats qui assuraient sa sécurité s’étaient «
toujours conduits comme des gentlemen ».
Le journaliste, qui n’exclut pas de rester travailler en France, a également annoncé qu’il s’est vu confier une lettre dédiée au président François Hollande de la part de la guérilla. « Je ne peux évidemment pas en divulguer le contenu car c’est adressé au président Hollande. Mais les Farc sont d’accord pour qu’elle soit publiée si lui le souhaite », déclare-t-il. L’ex-otage des Farc a précisé qu’il a été autorisé par la guérilla à la lire, à titre exceptionnel. Dans la lettre, ses anciens ravisseurs lui présenteraient des « excuses publiques » pour l’avoir pris pour un « prisonnier de guerre ».
« C’est la première fois qu’ils font des excuses et c’est très important qu’ils précisent que la presse n’est pas une ennemie », commente-t-il. A travers cette missive, les guérilleros lancent un appel à des « pays amis, surtout européens » pour leur demander d’« apporter leur aide pour parvenir à une sortie négociée » du conflit armé en Colombie, révèle encore le correspondant de France 24.
Après un mois de captivité dans la jungle colombienne, le journaliste français affirme garder un souvenir « terrifiant » de sa mésaventure. Durant sa détention, il avoue qu’il a « pensé et beaucoup » à la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue en otage par des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) pendant six ans avant d’être libérée en 2008.
« Comment n’aurais-je pu penser au drame d’Ingrid dans ces moments difficiles ? », affirme-t-il.
Le correspondant de la chaîne de télévision France 24 raconte qu’il a été capturé le 28 avril lors d’un « échange de tirs dans tous les sens » entre les rebelles et l’armée. Il couvrait ce jour-là une opération anti-drogue dans le département de Caqueta. Blessé au bras puis tombé dans un fossé, le journaliste dit avoir vu « mourir sous ses yeux » un des soldats chargés de sa protection.
« C’est terrifiant quand on les voit arriver (les guérilleros, ndlr). Je me suis dit : pourvu qu’ils ne me tuent pas sur le coup », raconte le journaliste de 35 ans, qui exerçait en Colombie depuis une quinzaine d’années. Lors de sa capture, ce reporter indique qu’il s’était mis torse nu avant de lancer : « Je ne suis pas militaire, je suis un civil, je n’ai pas d’arme. Ne tirez pas ».
Au moment où il filmait le combat entre Farc et armée, Roméo Langlois portait un casque et un gilet pare-balle prêté par les soldats en charge de sa sécurité, une tenue qualifiée de « militaire » par les rebelles qui l’ont capturé. Le Français assure que c’était « mûrement réfléchi » le port de cette uniforme. « Les balles, quand elles arrivent, ne savent pas si tu es un civil ou non. », explique-t-il.