Hier, les huit syndicats de France ont réalisé leur meilleur score depuis le début du mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Selon eux, 3.5 millions de personnes ont défilé lors de la quatrième journée de mobilisation de ce mardi 12 octobre, contre 3 millions lors de la précédente journée. Incontestablement, le mouvement a pris de l’ampleur, pour le plus grand bonheur des meneurs syndicaux.
"Ce n’est pas un baroud d’honneur, la mobilisation monte d’un cran", se félicite le président de la CFTC, Jacques Voisin.
Toutefois, les syndicats ont probablement gagné une bataille, mais pas la guerre. Malgré le durcissement de la contestation, le gouvernement n’entend pas céder de terrain. C’est le premier ministre François Fillon qui l’a dit hier après-midi, vers 15 heures, au Palais-Bourbon. "Je le dis très solennellement à cette heure devant l’Assemblée nationale, nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme", a-t-il lancé à l’assistance.
Pour le ministre du Travail Eric Woerth, la manifestation d’hier n’aura aucune incidence sur le projet de loi. "C’est une mobilisation conforme à la taille de la réforme, à la puissance de la réforme, à la grandeur de cette réforme", a-t-il estimé hier dans la soirée. En d’autres termes, les deux bornes d’âge pour les retraites seront maintenues à 62 et à 67 ans, malgré la pression syndicale.
Les mesures phares de la réforme ont déjà été adoptées par le Parlement, mais cela n’a pas entamé la motivation des manifestants. Retraités, chômeurs, travailleurs, étudiants et lycéens ont massivement répondu à l’appel des syndicats.
Les syndicats ne cachent plus leur ambition à rééditer le succès avec le contrat première embauche (CPE) en 2006. Ce projet de loi avait été retiré par le gouvernement alors qu’il avait pourtant été adopté par le Parlement.
Par ailleurs, la participation des lycéens à la mobilisation a été vertement critiquée par le gouvernement.
"Je n’ai pas de leçon à donner aux jeunes lycéens qui ont été appelés à la rescousse pour étoffer les manifestations. Je dis simplement que le sort de leur retraite ne sera pas garanti par ceux qui leur promettent de sauver l’avenir en sacrifiant le présent", a déclaré hier dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale le premier ministre Fillon.
Intervenue au journal de 20 heures de TF1, Ségolène Royal lui a répondu :"les jeunes sont assez grands pour savoir pourquoi, à 15 ou 16 ans, ils descendent dans la rue. Ils ont le sentiment d’être méprisés, comme l’ensemble des Français".
L’intersyndicale doit se réunir jeudi 14 octobre pour décider des suites à donner au mouvement. Les grèves reconductibles dans les secteurs des transports commencent à faire de l’effet en métropole. A la SNCF, par exemple, de nombreuses perturbations sont annoncées.