Soixante-dix-neuf Roms qui ont bénéficié de l’aide au retour volontaire et à la réinsertion s’envoleront pour la Roumanie ou la Bulgarie ce jeudi dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de sécurité annoncée il y a trois semaines par le gouvernement. Ce départ intervient après le démantèlement de cinquante et un camps jugés illégaux.
D’une seule voix, les élus UMP comme ceux de la gauche dénoncent la " politique gouvernementale d’expulsion ".
Pour le député UMP villepiniste du Morbihan, François Goulard, " Les problèmes de sécurité ne tiennent pas à quelques camps de Roms. " L’ancienne ministre Christine Boutin, un autre membre actif de la droite, critique " une stigmatisation de telle ou telle communauté " qui " exacerbe la violence ".
Même les Verts aussi voient rouge face aux mesures sécuritaires du gouvernement. Ils s’insurgent contre ce qu’ils considèrent comme des " expulsions de la honte ".
Même son de cloche du côté du Parti socialiste. Le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, est lui aussi monté au créneau pour condamner les méthodes du gouvernement. " Il ne faut pas jeter en pâture à l’opinion publique des boucs émissaires pour se refaire une santé. ", a-t-il lancé.
En Roumanie, la politique de sécurité de la France est diversement appréciée. "Si nous échangeons des accusations ou nous criminalisons à titre collectif des groupes ethniques, nous ressuscitons des souvenirs parmi les moins plaisants", a déclaré le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi.
Intervenu hier mercredi sur les ondes de la radio RFI Roumanie, M. Baconschi a fait part de son inquiétude par rapport aux risques de " dérapage populiste" et de "réactions xénophobes"."J’exprime mon inquiétude sur les risques de dérapage populiste et de générer certaines réactions xénophobes sur fond de crise économique", a déclaré cet ex-ambassadeur roumain à Paris.
Le gouvernement roumain se dit prêt à mettre en place le dispositif de réinsertion des personnes rapatriées, mais en même temps, il refuse de se porter garant de la réussite ou non de la méthode. " Nous ne pouvons pas limiter leur droit à la libre circulation ", a indiqué le secrétaire d’État roumain chargé de la réinsertion à propos de la reconduite des Roms.
A noter que deux secrétaires d’Etat roumains sont attendus à Paris le 30 août pour discuter de l’insertion et des manières de prévenir les infractions.