Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a appelé les policiers à bannir le tutoiement. Une déclaration qui fait vivement réagir les syndicats de police.
"Je veux une police exemplaire", a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Une exemplarité qui passe selon le ministre par l’abandon du tutoiement lors des interpellations et par l’arrêt des "contrôles abusivement répétés". Les fonctionnaires on reçu l’ordre d’éviter toutes formes de familiarités avec le public et de ne plus utiliser le tutoiement dans leur service.
Cette proposition fait réagir les Réunionnais. Françoise, 46 ans habite à Sainte Marie. Elle se souvient avoir déjà été tutoyée par les forces de l’ordre. "Cela m’a un peu choqué, je partais travailler je leur ai refusé une priorité, ils doivent utiliser le vouvoiement, c’est une marque de respect", estime t-elle. Georges, 36 ans, et résident à la Montagne est plus nuancé. "Tout dépend de la façon de faire, je pense que la police de proximité peut avoir un comportement légèrement différent avec les personnes qu’elle connait bien".
Les syndicats de police se montrent divisés sur la question. Interrogé par le Figaro, Yannick Danio, délégué national du syndicat Unité SGP Police, estime que le ministre ne fait que rappeler ce qui rentre dans le cadre de la formation initiale de l’ensemble des forces de l’ordre. « La règle du vouvoiement est déjà appliquée. Mais il est vrai que les policiers sont confrontés en permanence à la violence et l’évolution des relations dans notre société fait que le tutoiement est plus utilisé, Mais ce n’est pas forcément un manque de respect de la part des gardiens de la paix même s’il est employé quand le ton monte ». Du côté de Jean-Paul Borrelly, secrétaire Sud-Est du deuxième syndicat, Alliance Police Nationale, le problème du tutoiement n’est pas la préoccupation majeure des policiers.
A la Réunion, Thierry Flahaut, secrétaire régional du syndicat unitaire SGP police considère qu’"il y a des missions où s’établit une proximité entre les forces de l’ordre et certains personnages de notre société notamment des jeunes où là le tutoiement les regardent, ils font ce qu’ils veulent". Quant à l’idée de sanctionner les policiers qui emploieraient ces familiarités, avancée par le ministre, Thierry Flahaut la juge inadaptée et n’hésite pas à évoquer des dérives possibles.
"On ne peut pas aller jusqu’à la sanction quand un tutoiement est dit ce serait un peu n’importe quoi et il pourrait y avoir des dénonciations calomnieuses de la part de personnes interpellées", explique t-il.