Critiquée pour avoir diffusé une conversation entre Mohammed Merah et la police, TF1 évoque le droit d’informer et assume son choix.
"Scandalisés", les proches des victimes de Mohamed Merah vont saisir la justice en urgence pour obtenir l’interdiction de toute diffusion des enregistrements des conversations entre le « tueur au scooter » et la police. Deux de leurs avocats ont annoncé leur volonté de porter plainte.
Ce mardi 10 juillet, le CSA doit également entendre les dirigeants de TF1, BFMTV et iTélé, qui ont diffusé ces extraits.
Après avoir diffusé des extraits d’enregistrements audio entre Mohamed Merah et les policiers dimanche 8 juillet, TF1 a dû faire face à de nombreuses critiques. La chaîne s’est justifiée en soutenant que ces enregistrements contenaient des « informations très importantes ». Elle se défend aussi de tout sensationnalisme.
« Nous sommes des journalistes, notre travail, c’est d’informer » , a expliqué Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe. Dans ces enregistrements qui datent du 21 et 22 mars, Merah explique sur un ton posé ses crimes comme ses projets criminels à venir. Cette diffusion a immédiatement provoqué l’indignation des proches des victimes.
Enquête administrative et pénale
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été chargée de mener une enquête administrative et une enquête pénale sur cette diffusion. "Plusieurs copies des enregistrements ont été réalisées, destinées à être distribuées aux différents services d’enquête concernés telles que la DCRI (renseignement intérieur) et la DCPJ (police judiciaire)" précise La Croix.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a déconseillé aux chaînes de rediffuser les extraits en question et doit entendre aujourd’hui les dirigeants des chaînes qui ont diffusé les enregistrements : TF1, iTélé et BFMTV.
Éventuelles sanctions
Les proches des victimes, particulièrement choqués, sont prêts à saisir la justice pour empêcher toute nouvelle diffusion.
Le président du CSA, Michel Boyon, s’est dit « profondément choqué ». « S’il y a matière pour le CSA à intervenir, notamment par la voie de sanctions, nous le ferons, sans hésiter », a-t-il prévenu.
"Chargé de la régulation du secteur audiovisuel, le CSA peut relever les manquements des chaînes. Toutefois les éventuelles sanctions qu’il prononce relèvent en général de la simple mise en garde ou en mise demeure, les deux premiers niveaux de sanctions dont il dispose".
D’autre part, l’Inspection générale de la police nationale a été chargée de mener une enquête administrative et une enquête pénale sur cette diffusion. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a déclaré à Chartres qu’il fallait « aller jusqu’au bout pour connaître les auteurs » de cette fuite, qui ont commis une « infraction claire ».
Source : La Croix / Nord Eclair