Des policiers en colère ont manifesté mercredi soir sur l’avenue des Champs Elysées pour dénoncer la mise en examen d’un des leurs, décidée par le parquet un peu plus tôt. Leur confère est actuellement sous contrôle judiciaire assorti d’interdiction d’exercer pour "homicide volontaire" contre un malfaiteur.
Selon LCI, la mise en examen pour "homicide volontaire" d’un policier de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) mercredi a suscité un tollé au sein de la corporation. Mercredi, à l’appel de plusieurs syndicats, ils étaient plusieurs centaines à avoir manifesté devant la Direction territoriale de la sécurité de proximité (DTSP) à Bobigny.
Les policiers, apparemment très remontés après cette décision du parquet, se sont ensuite dirigés vers la place Beauvau, au siège du ministère de l’Intérieur, mais les forces de l’ordre leur ont bloqués l’accès.
Ils se sont donc rués vers les Champs-Elysées où un cortège d’une centaine de voitures de police ont investi toute l’avenue. "Nous sommes ici pour défendre notre collègue injustement mis en examen. Il a agi en état de légitime défense face à un individu très connu des services de police sur lesquels il avait jeté une grenade, qui avait des armes de poing et qui était très dangereux ", a expliqué l’un des manifestants sous couvert d’anonymat .
Pour ces policiers, la décision de la justice concernant leur collègue est "incompréhensible". "Nous ne nions pas le fait que la justice doit faire son travail. Mais la qualification d’homicide volontaire retenue par la juge est incompréhensible, tout comme l’interdiction d’exercer la profession de policier, qui va le priver de son salaire", a renchéri Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat SGP-FO Unité (Le Syndicat général de la police-Force ouvrière).
Dans la même foulée, l’UMP a également réagi sur cette affaire impliquant un gardien de la paix. Le parti majoritaire a pointé du doigt "certains juges" qui auraient préféré "appliquer la présomption de culpabilité" à "la présomption d’innocence"pour "certains policiers".
Le secrétaire national du parti, Bruno Beschizza, a d’ailleurs affirmé dans un communiqué "son soutien aux policiers de la Seine-Saint-Denis ayant manifesté mercredi soir".
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a soutenu qu’il comprend parfaitement " l’émotion des policiers de Seine-Saint-Denis, qui exercent un métier d’une extrême difficulté". Lui d’ajouter qu’"il appartient à la justice de faire la lumière sur ce qui s’est passé".
A l’origine de toute cette tension, les policiers de Noisy-le-Sec ont reçu un appel anonyme samedi les informant qu’un homme recherché pour des vols à main armée se rue dans le centre-ville.
Aussitôt après, quatre policiers sont partis à la recherche de cet individu, qui a déjà fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour ne pas avoir regagné la prison de Châteaudun (Eure-et-Loire) après une permission de sortie en juin 2010. Ce malfaiteur de 28 ans est connu par la police pour "onze condamnations, notamment criminelles pour des faits de vols avec arme", comme le mentionne son casier judiciaire.
Cette nuit du samedi, le quatrième policier qui se trouvait encore dans sa voiture de service a affirmé aux enquêteurs que le fuyard qui se trouvait en face de lui "l’aurait alors visé en tendant son bras armé vers lui". Le policier mis en cause a entre autres parlé d’une grenade que le fuyard aurait lancé à sa direction.
L’agent a donc tiré à quatre reprises, en direction de sa cible qui a été touchée à l’abdomen. Des coups fatals ayant conduit à sa mort peu de temps après. Durant son audition, ce fonctionnaire de 33 ans avait invoqué la légitime défense.
Une thèse qui a été très vite contredite par les résultats de l’autopsie et les déclarations d’un témoin qui affirme "avoir assisté à une scène de course poursuite au cours de laquelle un homme faisait feu en direction d’un fuyard". " Si l’homme en fuite était armé d’un revolver approvisionné, il n’en a pas fait usage et la grenade qu’il a lancée s’est révélée a posteriori inoffensive", indique le rapport du parquet.
Ce dernier avait dès lors ouvert une information judiciaire pour "violences volontaires avec arme par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner".