L’année dernière, plus de 33.000 infractions par internet ont été recensées sur toute la France, dont 80% d’escroqueries, pour un coût total de 1,7 milliard d’euros, selon un rapport annuel sur la cybercriminalité publié hier par l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).
L’étude de l’observatoire regroupe des infractions très diverses qu’on peut classer en deux catégories : des infractions en lien avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et des infractions liées aux systèmes d’information et de traitement automatisé des données (STAD). Ces infractions sont nombreuses, allant du piratage informatique, en passant par des fraudes aux cartes bancaires jusqu’au « crime organisé ».
En 2010, police et gendarmerie ont relevé 602 atteintes aux STAD, dont le tiers sont des « altérations du fonctionnement » ou de « suppression de données ». Au total, plus de 33.000 infractions dites de « cyberdélinquance ou la délinquance astucieuse » ont été enregistrées partout en France l’an dernier. Plus de 80% d’entre elles sont des escroqueries et des abus de confiance, souligne l’ONDRP.
« Un peu moins de 1.500 atteintes à la dignité et à la personnalité » et « 330 atteintes sexuelles » (pédophilie) ont été interceptées sur la toile par les forces de l’ordre, qui disposent désormais de matériels et d’équipes afin de lutter efficacement contre cette nouvelle criminalité informatique. Ainsi, le taux de fraude sur les paiements par internet « continue d’augmenter », sans toutefois atteindre le pic de 2007.
Selon l’ONDRP, la cible privilégiée des cyberdélinquants sont les paiements à distance. De ce fait, près de 9% de la valeur des transactions effectuées en France « comptent pour 62% du montant global de la fraude ». Globalement, la « cybercriminalité aurait coûté » en France « 1,7 milliard d’euros » en 2010, dont 872 millions d’euros « de pertes directes ».
Malgré l’ampleur de ce fléau, « seulement » 23% des personnes interrogées se déclarent inquiètes lorsqu’elles effectuent des achats sur internet avec leur carte bancaire, souligne le rapport. Pourtant, l’Observatoire note que les cybercriminels voient en internet une aubaine leur « offrant d’innombrables possibilités d’usages illicites ou abusifs » des données, coordonnées bancaires et numéros de cartes bancaires.
Le profil type des cybercriminels dressé par l’ONDRP se révèle multiple et varié. Il existe des « acteurs individuels » tels les pédophiles, mais aussi un « crime organisé » dont la « motivation est essentiellement financière » et « reste rare en France ». Tandis que d’autres sont des « hackers » qui revendiquent parfois leur geste au nom de l’amélioration et de l’ouverture des systèmes informatiques.
« L’action d’Etats étrangers a aussi été soupçonnée, sans être complètement démontrée », écrit l’Observatoire, qui cite dans son étude la Chine, l’Iran ou Israël. L’ONDRP s’inquiète également de la « menace sectaire », une « situation préoccupante ». « L’arrivée d’internet a considérablement banalisé le discours ou méthodes dites alternatives prônés par certains mouvements sectaires », note l’Observatoire.
A noter que la cybercriminalité est un terme généralement utilisé pour désigner une infraction criminelle ayant l’ordinateur pour objet. Elle se manifeste sous plusieurs formes, dont le piratage informatique, l’hameçonnage, le pollupostage…