Le système éducatif français, trop uniforme, doit placer les besoins des élèves au coeur de sa logique pour réduire les inégalités, a écrit la Cour des comptes dans un rapport qui, selon le ministère de l’Education, minimise les réformes en cours.
PARIS (AFP) - Le système éducatif français, trop uniforme, doit placer les besoins des élèves au coeur de sa logique pour réduire les inégalités, a écrit la Cour des comptes dans un rapport qui, selon le ministère de l’Education, minimise les réformes en cours.
"La performance du système éducatif français a, au cours des dernières années, plutôt diminué, sous l’effet de son inefficacité à lutter contre les inégalités scolaires", a résumé mercredi lors d’une conférence de presse le premier président de la Cour, le socialiste Didier Migaud, nommé en février après la mort de Philippe Séguin.
"La France est le pays où les différences scolaire se sont le plus accrues entre 2000 et 2006, où l’impact de l’origine sociale sur la réussite scolaire est le plus important" et c’est en définitive "le pays occidental le plus éloigné de l’égalité des chances", a-t-il ajouté.
Pour établir ces constats, la Cour s’est fondée sur des observations de terrain dans six académies et trois pays étrangers (Espagne, Royaume-Uni, Suisse), ainsi que sur les enquêtes PISA de comparaison des systèmes éducatifs publiées tous les trois ans par l’OCDE.
En France, un jeune sur cinq ne maîtrise pas les compétences de base en lecture, un sur six quitte le système scolaire sans aucun diplôme ni aucune qualification, et seuls 24% d’une génération atteint le niveau licence (bac+3) contre par exemple 40% en Norvège.
Pour la Cour, la solution n’est pas dans la hausse des moyens - qui sont dans la moyenne de l’OCDE sauf pour le primaire - mais dans l’organisation du système lui-même : trop uniforme, il doit être repensé pour s’adapter à l’hétérogénéité des élèves et accompagner davantage les plus faibles.
La Cour préconise donc de "différencier fortement les moyens d’enseignement en fonction des établissements" après avoir "recensé les besoins d’accompagnement individualisé des élèves" et de donner aux équipes éducatives de chaque établissement la responsabilité de répartir leurs moyens.
Elle prône "un effort exceptionnel" pour les établissements "confrontés à la plus grande difficulté scolaire", l’Etat ayant tendance, selon M. Migaud, à des "effets d’affichage" concernant les zones d’éducation prioritaire (ZEP).
Des moyens supplémentaires de soutien doivent aller là où baissent les taux de redoublement : avec 40% des élèves de 15 ans ayant redoublé au moins une fois (chiffres 2003), l’Hexagone est en effet le "champion" de redoublements qui sont pourtant "inefficaces et très coûteux" (deux milliards d’euros par an).
Enfin, les rythmes scolaires doivent être revus ainsi que les procédures d’affectation et le service des enseignants, même si ceux-ci "ne sont pas en cause" et que "le système n’évoluera qu’avec eux", a dit M. Migaud.
Saluant une "contribution importante au débat", le ministère de l’Education nationale a cependant jugé que ce rapport faisait "trop peu de cas" des réformes engagées depuis 2005 et dont les effets ne sont pas encore connus.
Notamment la réforme du lycée professionnel, la création de plusieurs dispositifs de soutiens individualisés, l’autonomie accrue donnée aux collèges et lycées et, à partir de la rentrée 2010, la possibilité donnée à une centaine de chefs d’établissements difficiles de choisir leurs équipes.
La fédération syndicale Unsa Education a vu un rapport "trop souvent négatif et parfois excessif ou contestable (notamment sur la question des moyens)", mais salué l’accent mis sur l’accompagnement.
Intitulé "L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves", le rapport est en ligne sur le site www.ccomptes.fr