L’Assemblée nationale examine ce mardi 6 décembre le projet de loi abolissant la prostitution en France. Les députés devraient se prononcer sur la réaffirmation de la disparition totale du "plus vieux métier du monde". La pénalisation des clients constitue l’une des mesures phares du texte. Les défenseurs de la prostitution ont prévu de manifester devant le palais Bourbon.
Le projet de loi au menu des députés aujourd’hui "réaffirme la position abolitionniste de la France en matière de prostitution". Il s’agit de "battre en brèche les idées reçues qui laissent accroire que sous-prétexte que la prostitution serait ‘le plus vieux métier du monde’, elle est une fatalité", expliquent les auteurs du texte.
Le législateur souligne également que les principes abolitionnistes auxquels la France a adhéré depuis 1960 "doivent être proclamés haut et fort à une époque où la prostitution semble se banaliser en Europe ".
La proposition de loi comprend notamment une disposition prévoyant d’inscrire dans le code pénal la pénalisation des clients. Les initiateurs du projet de loi évoquent la nécessité de mettre en avant l’idée de "responsabilisation" étant donné "que neuf personnes prostituées sur dix sont victimes de la traite des êtres humains". Ainsi, la pénalisation du client constituerait "la meilleure piste pour voir diminuer la prostitution en France, là où tous les pays qui ont réglementé cette activité l’ont vu augmenter", a-t-on indiqué. Par cette démarche, la France s’inspire de la Suède qui sanctionne les clients des prostituées depuis 1999.
En revanche, l’abolition de la prostitution ne fait pas l’unanimité. Des voix réclamant un meilleur encadrement du "plus vieux métier du monde" se sont faites entendre. Le Syndicat des travailleurs du sexe (Strass), qui a prévu ce mardi une manifestation devant l’Assemblée, a adressé une lettre aux députés pour leur demander de ne pas voter l’abolition, au risque de pénaliser les prostituées en les poussant vers plus de clandestinité, explique le collectif.
Act-Up et Aides ainsi que 14 autres associations au sein du Collectif "Droits et prostitution" sont du même avis. Ils affirment que la réduction du nombre des clients mettrait en danger la vie des prostituées qui seront amenées à accepter même des rapports non protégés. Le Strass demande par conséquent de "véritables droits" pour les prostituées. On dénombre en France environ 20.000 prostituées, selon diverses estimations.