En voulant élargir les possibilités de déchéance de nationalité, l’exécutif devient du coup la cible des tirs croisés de ses détracteurs.
L’ancien secrétaire national du PS à l’égalité, Faouzi Lamdaoui, dénonce une " stratégie purement électoraliste " destinée à séduire l’extrême droite. " L’amalgame entre l’insécurité et l’immigration rappelle la sinistre France des mauvaises époques ", déclare-t-il.
Pour sa part, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard a une dent contre le projet visant à condamner les parents d’enfants délinquants. Il dénonce dans les colonnes de l’hebdomadaire Marianne ce qu’il considère comme une "politique de guerre civile". "La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n’avait pas vu cela depuis Vichy, on n’avait pas vu cela depuis les nazis", martèle-t-il.
Partant du bilan peu reluisant de la politique de sécurité du gouvernement, le député Arnaud Montebourg, lui, n’a pas mâché ses mots, et affirme que " Sarkozy est à ranger aux rayons des incapables ".
Pour le député socialiste Pierre Moscovici, le président Nicolas Sarkozy n’est autre qu’un "Le Pen version light", "Le Pen light". " Nicolas Sarkozy a flirté vraiment avec l’extrême droite ", assure-t-il.
Toutefois, l’offensive de charme du président envers le FN semble n’avoir pas fait son effet. Les partisans de Le Pen accusent Sarkozy de plagiat. Ils lui reprochent de vouloir copier leur chef, sans aller au bout de ses idées.
De leur côté, les membres de l’exécutif restent inflexibles pour défendre les nouveaux critères de déchéance de nationalité annoncés par le président.
Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, a annoncé samedi à Perpignan qu’il allait présenter au chef de l’Etat d’ici à la fin du mois des " propositions pour la mise en œuvre juridique de la mesure de déchéance de la nationalité contre les auteurs d’homicides de dépositaires de l’autorité publique, de polygamie et d’excision ". A entendre le ministre, ces propositions devront figurer dans le projet de loi sur la sécurité qui sera examiné par le Sénat le 7 septembre prochain.
Dans la foulée, le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, est monté au créneau ce lundi pour défendre les nouvelles dispositions de déchéance de nationalité. "Accepter nos lois ou les violer, il faut choisir. Français ou voyou, il faut choisir", lance-t-il sans ambages sur Europe 1.
Revenant sur les propos tenus par Michel Rocard dans l’hebdomadaire Marianne, Christian Estrosi qualifie l’ancien premier ministre d’être "déconnecté" de la réalité. "C’est insupportable de faire une référence aux nazis", dit-il.