Depuis un an, Cécile s’est lancée comme auto-entrepreneuse, la jeune réunionnaise propose, à travers son restaurant "Le Filaos", de cuisiner à domicile les saveurs de son enfance. Menu typique de la Réunion pour les communions ou les mariages.
Je suis une battante, je m’en sortirai. » Cécile a un parcours personnel qui témoigne de ce caractère opiniâtre. Et un projet professionnel pour tordre le cou au mauvais sort au moment où l’épicerie sociale de Montpellier "Solidarité Dom-Tom" est menacée du fait de la suppression de la subvention d’État.
Depuis un an, en complément de son emploi de cuisinière au sein de l’association, elle s’est lancée comme auto-entrepreneuse puisqu’elle propose, à travers Le Filaos, de cuisiner à domicile les saveurs de son enfance et toutes celles qu’elle a cultivées au fil de ses rencontres. « Je propose des menus typiques de La Réunion, pour les communions, les anniversaires de mariage, les apéritifs. » L’absence de local ne lui permet pas de se développer, « je limite la clientèle
», le manque de temps aussi, mais « c’est enrichissant. Le plus souvent, je réponds au bouche-à-oreille, pour des communions, des apéritifs, beaucoup en été. »
Un bout de femme décidée, elle l’a toujours été. « J’ai appris très jeune. Je ne voulais pas aller à l’école, je voulais travailler, gagner de l’argent. » A 14 ans, dans le foyer dirigé par les religieuses, la cuisinière la gardait derrière le piano. « Elle m’a appris à cuisiner, à faire les stocks... » A 17-18 ans, elle commence par la plonge dans un resto vietnamien, avant de tailler les légumes... Puis, de file en aiguille, elle rejoint la métropole, à Nantes, pour une formation de couture, de neuf mois. C’est à Montpellier que Cécile retrouve goût aux petits plats, d’abord au restaurant mas du Rocher, à Castelnau, « six mois comme petite main », puis au Flamboyant, resto réunionnais. En 1993, elle découvre dans Midi Libre l’annonce de la création de Solidarité Dom-Tom. « Ils recherchaient des gens d’Outre-Mer. Au départ, c’était un lieu de rencontres pour les gens des Dom-Tom » et puis, face à la précarité des familles, avec l’espace gagné dans les locaux de la rue d’Upsala puis de Louisville, l’association s’ouvre sur le quartier.
Cécile y multiplie les services, salariée depuis une douzaine d’années. Pendant la fermeture de l’atelier-cuisine pour cause de travaux, elle est allée se ressourcer chez elle, à La Réunion, a confirmé la polyvalence de l’emploi, à l’épicerie sociale. Soucieuse, forcément, de son avenir, quand elle subit comme les familles adhérentes le désengagement de l’État. « Le poste est incertain, c’est difficile. »
Beaucoup d’interrogations mais l’envie de s’en sortir, de s’établir. Et comme le Filaos, l’idée de prendre racine... dans la cuisine des autres.