Selon un rapport sur l’administration pénitentiaire, un détenu sur quatre ne peut être présenté au juge, faute d’agent. En trois ans ce chiffre a même multiplié par six. Le rapport révèle également le problème de la sécurité.
Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas prévoit de présenter sa réforme pénitentiaire à l’Assemblée nationale et au Sénat en février 2017. L’objectif prioritaire de ce train de réforme est la sécurité des prisons. Pour autant, de nombreux points semblent encore à éclaircir. Europe 1 a publié l’extrait d’un rapport sur l’administration pénitentiaire. L’occasion pour Emmanuel Baudin, délégué syndical SNP FO pour le Grand-Ouest de dénoncer quelques failles.
Depuis le 1er janvier 2011, ce ne sont plus les policiers et les gendarmes qui sont chargés du transfert des détenus mais directement l’administration pénitentiaire. La procédure avait pour objectif de réorganiser le transfèrement des détenus. Pour autant, des failles sont toujours constatées 5 ans après. Même dans les zones où l’administration pénitentiaire est censée être compétente, près d’un détenu sur quatre ne peut pas être sorti de prison à cause du manque de personnel. En trois ans, ce chiffre a explosé détaille le rapport : "en 2014, on comptait 4% d’"impossibilité de faire", 11% en 2015 et 24% à juin 2016. Dans certaines régions comme la Bretagne, c’est même 50%". Les inspecteurs dénoncent un manque réel de personnel pénitentiaire.
Emmanuel Baudin, délégué syndical SNP FO pour le Grand-Ouest a expliqué que d’une manière générale un surveillant est affecté à deux détenus. "La semaine dernière, un gros procès d’un réseau mafieux devant la cour d’appel de Rennes se tenait, avec neuf surveillants pour 17 détenus, soit un surveillant pour deux détenus", se désole-t-il pour qui "la sécurité n’était pas assurée". Emmanuel Baudin pointe également la fatigue et la lassitude des agents : "Le personnel étant en sous-effectif, on fait des heures supplémentaires à ne plus en pouvoir". Au total, près de 60 heures en plus par mois. A Brest, 27% des audiences sont renvoyées par manque de personnel.
Actuellement, les magistrats prennent en charge ce manque d’effectifs en réquisitionnant les gendarmes et les policiers. Selon le rapport, en 2015, la gendarmerie a annulé plus de 4 000 patrouilles pour aider la pénitentiaire. En cas de refus, les audiences sont retardées ou renvoyées. Parfois, des détenus sont même libérés, faute d’être présentés dans les délais. En moyenne, 1 tribunal sur 6 a dû remettre en liberté un détenu à cause de ces problèmes. Pour les hauts fonctionnaires qui se sont penchés sur ces dysfonctionnements il faut nommer un directeur en charge de ce projet. Parmi les recommandations du rapport : continuer à s’appuyer sur les policiers jusqu’en juin 2017.