Après les attentats de 2015, l’État veut confier à des professionnels le suivi des 13 0000 personnes signalées comme islamistes radicaux. Le mot "déradicalisation" n’est passé dans le langage courant que depuis deux ans.
Ce sont des travailleurs sociaux, des thérapeutes ou encoure des experts en droit qui ont défriché le champ de la déradicalisation en France, rappelle Le Figaro. C’était en 2014, où il n’y avait que deux structure pour entamer un travail qui n’intéressait presque personne. Mais depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, de nombreux acteurs se sont engagés contre la radicalisation. Résultat : un document transmis au ministère de l’Intérieur cette semaine fait état de 75 structures reconnues et financées par l’État.
Selon le préfet Pierre N’Gahane, secrétaire général du Comité interministériel pour la prévention de la délinquance (CIPD), le montant des subventions pour lutter contre la radicalisation est passé de 500 000 à 6 millions d’euros entre 2014 et 2016, ce qui représente une augmentation de plus de 1 000 % ! Les actions portent sur l’accompagnement psychologique, éducatif et social des jeunes, le soutien aux parents aux familles. Des associations, des mairies, des conseils départementaux, des antennes Pôle emploi, des centres hospitaliers ou encore psychiatriques s’attellent à la tâche.
Il est vrai que la radicalisation a explosé en France. À un point tel que des charlatans se sont engouffrés sur le "marché" dans l’espoir d’obtenir une partie du pactole engagé par l’État. "Le désendoctrinement risque de devenir un business, où tout le monde court après les subsides de l’État", redoute la sénatrice (EELV) Esther Benbassa qui mène avec sa collègue Catherine Troendlé (LR) une mission d’information sur les méthodes de désendoctrinement, désembrigadement et de réinsertion des anciens djihadistes ou candidats au djihad mises en œuvre en France et en Europe.
De nombreux départs pour les zones de guerre en Irak et en Syrie datent de l’été 2012, mais les pouvoirs publics français ne se sont rendu compte de l’attrait pour le djihadisme que vers le printemps 2014. Dès juillet 2015, un rapport du groupe de diagnostic stratégique mené sous l’égide de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) soulignait la France avait pris du retard par rapport à la Belgique, l’Allemagne, le Danemark ou le Royaume-Uni. À l’époque, ces pays étaient déjà dotés de politiques actives de prévention de la radicalisation.
La situation est alarmante, avec plus de 13 000 individus radicalisés en France. Face à cet état des choses, l’Etat a formé quelque 12 000 policiers, gendarmes, agents préfectoraux et municipaux, enseignants, hauts cadres de la SNCF, de la RATP ou encore des Aéroports de Paris. "Désormais, il s’agit de professionnaliser avec de vrais psychologues, de vrais médiateurs et de vrais médiateurs sociaux", martèle le préfet N’Gahane qui ne cache pas sa méfiance face aux initiatives de certaines associations cultuelles musulmanes ou de quartiers qui tentent d’occuper le terrain sous prétexte qu’elles seraient plus proches des radicalisés.