Le gouvernement l’avait annoncé en janvier 2015, le décret est désormais paru au Journal Officiel jeudi : à compter du 1er janvier 2017, il sera interdit de conduire une voiture dont les vitres sont teintées. C’est "une mesure pour récupérer de l’argent", réagissent les automobilistes.
Les vitres "surteintées" seront bien interdites dès 2017. Le décret a été publié jeudi 14 avril et précise les sanctions encourues. Sont concernées les vitres ne présentant pas le taux minimal de transparence de 70%. C’est "le taux exigé pour l’homologation des véhicules sortant d’usine", précise le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Le ministère explique qu’"un surteintage excessif des vitres avant représente un réel danger en matière de sécurité routière", car il empêche le contact visuel avec un véhicule croisé ou suivi, ou avec des piétons. Un "surteintage" réduit également la visibilité du conducteur, en particulier la nuit, souligne le ministère.
Cette mesure, annoncée le 26 janvier 2015 par Bernard Cazeneuve dans le cadre d’un plan de sécurité routière, suscite encore des tollés chez les automobilistes. La contravention sera en effet passible d’une amende de 135 euros et d’un retrait de trois points au permis. Au micro d’Europe 1, l’un d’entre eux ne voit dans cette mesure qu’un nouvel outil répressif. "C’est une mesure qui sert à récupérer de l’argent", déplore-t-il. "Je ne vois pas en quoi les vitres teintées dérangent", s’interroge un autre. Selon lui, "les vitres fumées peuvent éviter le carjacking. Les vitres teintées permettant de dissimuler les objets présents à l’intérieur de la voiture".
Quant à la question sur la sécurité routière, Nicolas Guiselin, président de l’Association sécurité et filtration des films pour vitrage (ASFFV), estime que les vitres teintées ne sont pas les seules causes d’un accident. "Il n’y a à ma connaissance aujourd’hui aucune étude qui mette en avant une accidentologie liée aux vitres teintées. Ce sera donc à l’appréciation de l’agent de police", explique-t-il. Nicolas Guiselin avait en outre estimé que le gouvernement allait ainsi signer "un acte de décès au niveau d’une profession" et déploré "un manque de concertation". Il évoquait 811 entreprises et 1.800 emplois en danger. Selon l’association, la pose de films sur les vitres avant des véhicules représente 53% de l’activité du secteur.
De son côté, le ministère de l’Intérieur va plus loin pour expliquer cette mesure. Dans le même communiqué, il a spécifié que c’est un moyen de lutter contre le terrorisme. En effet, face au risque accru d’attentat, la mesure "permettra aux forces de l’ordre de pouvoir identifier en toutes circonstances le conducteur et le passager avant d’un véhicule, et, notamment en cas de contrôle, évaluer ses intentions et être en mesure de réagir à tout comportement dangereux ou inapproprié".
Des dérogations pourront toutefois être accordées pour certaines maladies "très spécifiques" ou pour les véhicules blindés.
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