L’époque où un descendant de millionnaires épouse une fille d’ouvrier est révolue. Aujourd’hui, les "héritiers se marient entre eux", affirme Nicolas Frémeaux, de l’université de Cergy-Pontoise.
Dans la France du 21ème siècle, l’héritage occupe une place importante dans les décisions matrimoniales. Tel a été le constat de Nicolas Frémeaux, disciple de Piketty ayant réalisé l’étude diffusée par l’Institut national d’études démographiques (Ined). Partant d’une vaste enquête effectuée tous les six ans par l’Insee sur le patrimoine des ménages, l’étude a pris en compte le recul du mariage dans la société française et se base sur les revenus des couples mariés, pacsés ou simples concubins.
L’importance de l’héritage
L’étude révèle qu’il est très improbable pour une non-héritière d’avoir une relation avec un riche héritier. En effet, "plus les patrimoines hérités des deux individus sont différents et plus la mise en couple de ces deux individus est improbable". Pour mener à bien son étude, ce chercheur en mathématiques âgé de 28 ans a analysé l’importance dominante de l’héritage dans la tendance à l’homogamie ou la proximité d’origine sociale des couples. Jusqu’ici les sociologues se concentraient surtout sur les égalités de revenus ou de niveaux d’éducation. Selon toujours l’étude publiée dans le dernier numéro de la revue trimestrielle Population et relayée par 20 Minutes, "l’homogamie est plus forte pour l’héritage que pour les revenus" en particulier chez les très riches.
"L’entre-soi" pour préserver et transmettre des patrimoines
Le travail de Nicolas Frémeaux se complète avec celui réalisé par les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, sur les riches et l’oligarchie en France. Ces derniers ont développé l’importance de "l’entre-soi" pour préserver et transmettre des patrimoines. Les stratégies mises en œuvre s’orientent alors autour des "rallyes" afin de favoriser les rencontres et les mariages de jeunes originaires des mêmes milieux. "Ce n’est pas une surprise, tous les travaux de Piketty ont montré ce retour du patrimoine et des héritiers dans la société, mais c’est la première fois qu’on le quantifie ainsi", a alors indiqué Nicolas Frémeaux.