Les violences sexuelles subies dans l’enfance constituent un vrai "scandale" pour la santé publique. Mal prises en charge, elles ont de lourdes conséquences à l’âge adulte.
Les résultats d’une enquête inédite auprès des victimes sont alarmants. Sans prise en charge appropriée, les violences sexuelles subies dans l’enfance ont de lourdes conséquences à l’âge adulte, même 50 ans après.
En France, un homme sur quatorze et une femme sur cinq affirment avoir été victimes de violences sexuelles. La grande majorité, 81% l’ont subi avant 18 ans dont 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans.
Souvent l’agresseur est un membre de la famille
Cette enquête de l’association Mémoire traumatique et victimologie, avec le soutien de l’Unicef France qui entre dans le cadre de la campagne "Stop au déni" révèle que dans la plupart des cas, l’agresseur est un membre de la famille. "Mon père m’a violée en moyenne 3 à 4 fois par semaine pendant dix ans", confie une victime.
Les conséquences des agressions
95% des personnes interrogées affirment qu’il y a eu des effets sur leur santé mentale et physique. 42% auraient déjà tenté de se suicider à plusieurs reprises.
Plus les violences sont assorties de circonstances aggravantes (viol, inceste), moins les victimes sont protégées par la police, la justice ou leur proche.
Manque de protection
4% des enfants victimes ont été pris en charge par l’Aide Sociale. Parmi les victimes qui ont porté plainte, 66% des moins de 6 ans au moment des faits déclarent "n’avoir jamais été protégées", tout comme 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans.
Véritable scandale de santé
Conduite de mars à septembre par l’association Mémoire traumatique et victimologie, cette enquête a été effectuée sur plus de 1.210 victimes de violences sexuelles âgées aujourd’hui de 15 à 72 ans. 95% de ces victimes sont des femmes.
Selon Dr Muriel Salmona, présidente de l’association, "Le coût humain des violences sexuelles, en particulier celles infligées aux mineurs, est alarmant". "L’absence de prise en charge adaptée, de protection et de reconnaissance des victimes, surtout les plus vulnérables, alors même que les conséquences sur la santé et la vie affective, familiale et professionnelle apparaissent extrêmement importantes.", a-t-elle fait remarquer avant de souligner qu’"Il s’agit d’un véritable scandale de santé publique et d’une atteinte aux droits des victimes".