Les musulmans de Paris nient de toute force l’amalgame avec les tueurs de Charlie Hebdo, tout en même temps qu’ils ont peur.
Libération rapporte des confessions de musulmans français. Adil dit avoir "peur de sortir le soir" et Amine pense qu’"un musulman ne peut pas avoir commis ces actes". Ces propos reflètent la peur et la colère des musulmans de Paris depuis l’attentat contre Charlie Hebdo.
Kamel, peintre en bâtiment, qui ne veut garder anonyme son patronyme, a "mal au cœur". Venu d’Algérie en 1992 à cause des violences islamistes, il a la pénible impression d’une répétition de l’histoire doublée de l’amertume de se sentir soupçonné.
"Je le vois dans les yeux des gens que je croise, j’ai l’impression d’être accusé" en tant que musulman, confie-t-il.
Adil, 19 ans, confesse qu’il a "peur". "Ce n’est pas ça l’islam, je suis choqué, choqué", réitère le jeune cuisinier de Ménilmontant.
"Je vais aller manifester dimanche, mais mes parents ne veulent pas que je sorte le soir", dit-il en parlant des attaques de mosquées et violences antimusulmanes en France depuis l’attentat.
La tension se fait sentir devant la mosquée Omar, située en contrebas de la rue de Belleville, rue Jean-Pierre Timbaud. A l’approche d’une journaliste, les regards fuient, les fronts se plissent. "Non, on ne veut pas vous parler, car les journalistes déforment toujours ce qui est dit", dit un homme.
Le président de l’association Foi et Pratique à la tête de cette mosquée, Chabbar Taheib, joint au téléphone, n’a pas hésité à "condamner complètement et totalement" l’attentat. "Les gens qui ont commis cela ne représentent pas l’islam", affirme-t-il.