25 % des directeurs des achats ont reçu la proposition d’un pot-de-vin ou d’un avantage indu par un fournisseur au cours de ces derniers mois.
D’après les résultats de l’étude effectuée par l’ONG Transparency International, la France a reculé de quatre places dans le classement sur la "perception de la corruption". Arrivé à la 26ème place, l’Hexagone est devancé par le Chili, les Émirats arabes unis et les Bahamas. La corruption s’est visiblement installée dans l’actualité française ces derniers mois.
Corruption : un directeur des achats français... par BFMBUSINESS
Pourquoi un tel recul ?
Le Figaro rapporte les conclusions d’une étude réalisée par le cabinet AgileBuyer selon lesquelles "un directeur des achats français sur quatre avoue - sous couvert d’anonymat - avoir déjà fait face à des tentatives de corruption." Olivier Wajnsztok, directeur associé d’AgileBuyer s’étonne face à ces chiffres : "Un quart, c’est énorme !", a-t-il déclaré précisant bien "qu’il n’y a pas eu corruption active, mais simplement tentative".
Dans les grandes entreprises, les services achats sont spécialement ciblés à cause des sommes importantes en jeu pouvant atteindre entre 40 % et 80 % du chiffre d’affaires. "Les dépenses de sous-traitance et les achats sont généralement supérieures aux salaires versés par l’entreprise", souligne Olivier Wajnsztok, même si les directions des achats "se sont beaucoup professionnalisées, avec trois responsables des achats sur quatre qui ont signé une charte anticorruption".
Les secteurs les plus concernés
L’étude indique que ces fournisseurs indélicats, qui osent proposer des dessous-de-table ou avantages indus dans la conviction de décrocher un contrat concernent surtout l’immobilier et l’industrie du bois et du papier. En revanche, l’agroalimentaire et l’hôtellerie-restauration sont les moins concernés. "En période de crise, la réduction des coûts reste la priorité pour 77 % des services achats. Dans ce contexte de concurrence accrue, les fournisseurs qui ont les mauvais produits ou sont mal placés sur les prix peuvent être tentés de franchir la ligne jaune", constate Olivier Wajnsztok. Force est de constater que la construction est peu touchée : "Les politiques anticorruption des grands groupes de construction conduisent manifestement à gérer de mieux en mieux les fournisseurs", poursuit-il.
La corruption dans l’entreprise et la nationalité
L’étude démontre aussi quelques clichés sur la nationalité des fournisseurs indélicats et souligne que les entreprises françaises subissent majoritairement des tentatives de corruption par des entreprises… françaises ! Si les fournisseurs français (36 %) et européens (19 %) représentent la majorité des "tentateurs", les entreprises asiatiques (16 %) ne sont pas trop tentées par la démarche de la corruption. "L’étude met en avant des comportements largement présents dans les relations interentreprises en France", remarque Olivier Wajnsztok avant de terminer : "les entreprises font de plus en plus attention. Mais, alors que les contrats américains standards comportent toujours une clause anticorruption, ce n’est pas le cas en France."