Le ministre de l’économie a mis en lumière le calvaire traversé par les ouvrières de l’abattoir de porc de Gad pour étayer la réforme du permis de conduire… Mais évoquant les « illettrées » dans ses déclarations, il a suscité des polémiques
"Il y a dans cette société (Gad), une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique : +vous n’avez plus d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km !+ Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ?’", a déclaré le ministre au micro d’Europe 1, regrettant le coût et les délais nécessaires pour ce permis.
"Il faut payer 1.500 euros, il faut attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, et ça ce sont des réformes qui créent de la mobilité et de la l’activité", a ajouté Emmanuel Macron pour illustrer le bien-fondé des mesures prises par le gouvernement pour relancer l’emploi et la croissance.
Ces propos ont suscité des réactions sur les réseaux sociaux, certaines reprochant au ministre un ton "condescendant" voire de "mépris"à classifier dans le sillage des "sans-dents", d’autres faisant valoir l’honnêteté du ministre face à l’illettrisme dans les usines. "C’est clairement du mépris", a estimé pour sa part Jean Marc Detivelle, délégué FO chez Gad.
"Je suis choquée, je ne sais pas d’où M. Macron tient ces propos ", lance la déléguée syndicale CFDT de Gad à Josselin, Annick Le Guével,
"Ce que voulait dire Emmanuel Macron ce matin c’est qu’il y avait un gros déficit en termes de formation initiale au départ, ce qui peut se corriger, mais en termes de formation continue ensuite", a commenté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à l’issue du conseil des ministres.
Ayant reconnu la bévue qu’il venait de faire, Macron s’est lui même excusé. "Le premier regret, c’est pour les propos que j’ai tenus ce matin, si j’ai blessé et parce que j’ai blessé des salariés, et c’est inacceptable, et ce n’est pas ce que je voulais faire", a-t-il lancé avant de continuer "Je prenais cet exemple précisément parce qu’il est une injustice exemplaire, parce que précisément cet exemple de Gad pour lequel plusieurs députés ici se sont battus (...) c’est que ces salariés n’ont pas eu la formation et la formation continue qu’elles étaient en droit d’attendre". Lui de préciser "C’est parce que souvent, elle n’ont précisément pas eu, c’était l’exemple que je voulais prendre, le permis de conduire qu’on doit (le) leur donner". « Je ne m’en excuserai jamais assez », a-t-il souligné par la suite.
La réforme du permis de conduire, entrée progressivement en vigueur cet été, a pour objectif de réduire les coûts et les délais de passage pour les candidats.
Lundi, près de 65% des inspecteurs du permis de conduire ont suivi une grève pour s’opposer à cette réforme qui, entre autres, délègue à d’anciens gendarmes la surveillance des examens du code.