113 millions d’euros de dépenses en 2008. L’Elysée a un rythme de dépense 7 fois plus élevé que celui de l’Etat. Le rapport d’un député socialiste jette un pavé dans la mare politique. En pleine crise du pouvoir d’achat, les dépenses « festives » et de fonctionnement du Palais ont augmenté de presque 19%. La polémique ne fait que commencer.
"Explosion" des dépenses, "absence" de transparence, poursuite des "errements anciens" et même "manipulations budgétaires"... le député (PS) René Dosière a publié hier un rapport au vitriol sur le budget 2008 de la présidence de la République.
Selon les chiffres officiels de Bercy, les dépenses de l’Elysée se sont élevées l’an dernier à un peu plus de 113 millions d’euros, soit 3 millions de plus que le budget voté par le Parlement. Une augmentation de 18,5% par rapport à 2007, soit "un rythme 7 fois supérieur à l’évolution du budget de l’Etat", selon M. Dosière, qui épluche les budgets de la présidence depuis les années Chirac.
Dans un rapport intitulé "Transparence du budget de l’Elysée : promesses non tenues", l’élu de l’Aisne souligne que "les restrictions budgétaires imposées aux administrations et que chaque fonctionnaire constate dans son travail quotidien ne s’appliquent donc pas aux services de la présidence".
Il déplore aussi que les charges courantes, recouvrant des postes très variés (réceptions, alimentation, téléphone, courrier, carburants, électricité...) et en hausse de 51%, ne soient pas détaillées, contrairement aux "engagements solennels" pris devant le Parlement.
Notant une "absence de transparence", M. Dosière accuse l’Elysée de mener une "politique de communication" voire même de recourir à des "manipulations budgétaires" pour "dissimuler la réalité" des dépenses.
Et de citer l’exemple de la garden-party du 14 juillet qui, contrairement aux commentaires de l’Elysée, a coûté plus cher que celle de 2007 (475.000 euros, soit +13,4%), le nombre d’invités passant de 5.500 à 7.050.
Dans le rapport de gestion, on apprend qu’’en 2007, "le coût par convive était de 76,22 euros alors qu’il a été de 67,45 euros en 2008". « Il aurait été plus honnête de le dire simplement. Ici, on dissimule la réalité. Et des exemples de ce type, il y en a beaucoup."
Dans ce contexte, le député dit attendre avec impatience le rapport, fin juillet, de la Cour des comptes, qui contrôle la régularité du budget de l’Elysée pour la première fois.
L’invitant à s’inspirer du Québec, il espère que la Cour pourra, elle, déterminer si les dépenses privées de Nicolas Sarkozy "continuent, comme par le passé, à être prises en charge par le budget" de l’Elysée, malgré la revalorisation substantielle de la rémunération du chef de l’Etat votée en 2007.
S’agissant des déplacements officiels, René Dosière se demande si les voyages présidentiels ne pourraient pas être "plus économes". "Dès lors que le président se veut le premier écologiste de France, il serait utile de joindre à son budget une annexe faisant le bilan écologique de ses déplacements", ironise-t-il.
Selon lui, l’Elysée communique certes davantage sur son budget depuis l’arrivée du nouveau chef de l’Etat, mais "sur des aspects ponctuels et anecdotiques", en "se gardant bien de faire la clarté sur les volumes financiers, sur les effectifs, sur la trésorerie, données autrement plus significatives".
C’est aussi en particulier la communication de l’Elysée qui est dans le viseur du député apparenté socialiste. "Ce que fait l’Elysée c’est de la politique de communication, pas de l’analyse budgétaire. Ce sont des phrases, les résultats on ne les voit pas". Et de lancer, pas peu fier de sa formule : "J’aimerais que l’Elysée fasse moins de littérature et plus de mathématiques."
René Dosière attend désormais "avec impatience" le rapport de la Cour des Comptes qui, "pour la première fois cette année, va analyser le budget de l’Elysée". Selon le député, l’institution présidée par Philippe Seguin, -"dont on laisse entendre qu’il pourrait redevenir ministre"- jouera sa crédibilité. "Il ne faudrait pas que cette qualité d’homme politique empêche la Cour d’être critique envers une institution comme la présidence de la République."
Cette dernière n’a d’ailleurs pas tardé à réagir au rapport présenté par l’élu de l’Aisne. "M. Dosière a de toute évidence préféré la polémique avec la volonté de porter des accusations qui se révèlent totalement infondées", peut-on lire dans un communiqué émanant de l’Elysée. "Les dépenses ont été maintenues dans l’enveloppe qui avait été attribuée (par le Parlement) à la Présidence. (...) Le Président de la République a voulu que les comptes de l’Elysée soient totalement réguliers et transparents. C’est le cas aujourd’hui", affirme le texte, qui conclut : "D’ailleurs, depuis le mois de septembre 2008, ces comptes font l’objet d’un examen permanent de la Cour des comptes dont le rapport sera publié le mois prochain." Philippe Seguin est décidément attendu au tournant. Par chaque camp...
Sources : JDD.fr/AFP