L’Elysée estimait dimanche avoir gagné une partie de la bataille de l’opinion sur la question des retraites vu la mobilisation moins élevée que l’an passé dans les défilés du 1er mai en France, même si la réforme "ne sera pas un chemin de roses".
PARIS (AFP) - L’Elysée estimait dimanche avoir gagné une partie de la bataille de l’opinion sur la question des retraites vu la mobilisation moins élevée que l’an passé dans les défilés du 1er mai en France, même si la réforme "ne sera pas un chemin de roses".
L’affluence des défilés est restée parmi les meilleures des dix dernières années, mais les syndicats désunis n’ont pas donné la démonstration de force escomptée, et ils auront certainement du mal, jeudi prochain, à trouver un terrain d’entente pour la suite lors de leur réunion post-1er mai.
Entre 195.000 (police) et 350.000 (syndicats) personnes ont défilé en France. Les craintes pour la retraite étaient dans tous les esprits. Mais les manifestants étaient plus nombreux le 23 mars (entre 380.000 et 800.000).
Dans le Journal du Dimanche, le conseiller social de l’Elysée Raymond Soubie a constaté que "les chiffres étaient en net retrait par rapport aux manifestations précédentes". Une preuve selon lui qu’en matière de retraites, "une large partie des Français considèrent qu’une réforme est inéluctable".
"Cela ne signifie pas que la réforme se présente comme un chemin de roses", a-t-il ajouté.
Le succès de la réforme selon l’Elysée réside désormais dans la capacité à faire que les mesures soient perçues par l’opinion comme "nécessaires" et "justes", selon la même source.
"La confrontation va s’engager quand les mesures seront connues, les gens sont l’arme au pied", rétorque Alain Olive (Unsa). Moins optimistes, plusieurs délégués syndicaux rencontrés dans le cortège parisien confiaient se heurter à une attitude résignée ou fataliste de leurs collègues.
A ce stade, le gouvernement n’a rien dévoilé. Il consulte, rode son argumentaire, teste les différentes options par voie de presse interposée et dans des discussions en tête-à-tête avec les partis, les syndicats, etc.
Durant cette période dite de "concertation", la bataille de communication fait rage. L’UMP multiplie les réunion-débats dans toute la France autour de Xavier Bertrand et organisera une convention du parti le 25 mai.
Au chapitre de la "nécessité", l’argument démographique est convoqué par le gouvernement avec constance selon l’équation simple : on vit plus vieux, on travaille plus vieux.
Quant à la "justice", le gouvernement affirme par exemple que "bien évidemment le système de retraite des parlementaires sera réformé, comme celui des ministres, d’ailleurs".
Il disserte aussi volontiers sur les différences de mode de calcul entre salariés du privé et employés du public, tout en disant "nous verrons".
En face, la gauche et les syndicats, qui se mobilisent également sur le sujet, même s’ils prônent tous désormais le maintien de la retraite à 60 ans, ont du mal à cacher des désaccords.
Plusieurs organisations de gauche tiendront un meeting le 6 mai à Paris avec Marie-George Buffet (PCF), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Cécile Duflot (Verts) et Olivier Besancenot (NPA).
Le PS viendra-t-il ? En tout cas, "Martine Aubry est la bienvenue à nos côtés", a déclaré dimanche Olivier Besancenot dans le Parisien.
Côté syndical, FO a ostensiblement joué la carte de l’isolement samedi et étalé son scepticisme sur la stratégie d’une partie de l’intersyndicale.
"Les manifestations à répétition ne feront pas trembler le gouvernement", a estimé son secrétaire général Jean-Claude Mailly, pour qui la bataille contre le CPE en 2006 ne s’est gagnée que grâce à la jeunesse et l’unité d’analyse.
Or, il est vrai que sur le dossier des retraites, l’écart est grand avec par exemple la CFDT qui défend le maintien de la retraite à 60 ans, mais est prête à discuter sur tout le reste.