Les propos de la chef de la diplomatie française remontent à la semaine dernière, mais la polémique qui s’en est suivie a fait surface après la chute du président tunisien Ben Ali, plus précisément ce lundi 17 janvier 2011.
Mardi 11 janvier 2011, la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie avait suggéré à la Tunisie l’aide de la France pour mettre un terme aux violences liées à la révolte sociale.
" Le savoir faire de nos forces de sécurité, reconnu dans le monde entier, permet de régler des situations sécuritaires de ce type", avait-elle déclaré devant les élus de l’Assemblée nationale. Une déclaration qui suscite, quelques jours plus tard, de vives réactions de la part de l’opposition.
Réactions tout azimuts rapportées par différents médias nationaux
Ségolène Royal qualifie la déclaration de la ministre des Affaires étrangères de "scandaleuse". C’est "une erreur impardonnable", selon elle, car il s’agissait "de proposer de venir en soutien d’une dictature".
Le député PS Laurent Fabius, lui, parle de "grave faute" de la part de Michèle Alliot-Marie.
"Voilà un peuple qui se soulève après 23 ans de dictature, la police tire dans le tas et la seule chose que trouve à dire le gouvernement c’est : "On va vous aider à une coopération policière". Cela montre une insensibilité, pas seulement de Michèle Alliot-Marie mais aussi du Président et du Premier ministre", a-t-il déclaré.
"Par ces mots, Michèle Alliot-Marie s’est clairement rangée du côté de la répression qui a fait près de 70 morts depuis la mi-décembre". Pour cela, "elle doit s’excuser ou démissionner", estime le porte-parole du NPA Olivier Besancenot.
Pierre Moscovici, député PS, a pour sa part affirmé qu’ "il est honteux que Michèle Alliot-Marie se soit comportée comme cela".
Le patron des députés PS, Jean Marc Ayrault, qualifie d’"ignoble" la déclaration de MAM.
"Voilà la parole officielle du gouvernement devant les députés (...), je trouve que c’est ignoble de dire ça à l’égard d’un peuple qui souffre", a-t-il fustigé.
Enfin, Pouria Amirshahi, secrétaire national du PS à la coopération et aux Droits de l’Homme, a carrément demandé la démission de la chef de la diplomatie française.
"Michèle Alliot-Marie n’est à mon sens pas digne de continuer d’exercer ses fonctions de ministre des Affaires étrangères. Je demande sa démission, d’autant plus nécessaire si la France veut assurer des relations constructives et positives avec la Tunisie renaissante", estime ce dirigeant du PS.
Face à cette pluie de critiques, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a tenté de dédramatiser les propos de Michèle Alliot-Marie.
"Je crois qu’elle l’a fait sans mauvaise intention du tout, à partir d’une analyse qui était la sienne" a-t-il dit ce matin sur RTL.