Les réactions affluent en métropole face aux aveux de Jérôme Cahuzac, qui a reconnu détenir un compte à l’étranger depuis plus de 20 ans.
Les aveux et la mise en examen de l’ancien ministre du Budget, pour blanchiment de fraude fiscale, continuent d’enflammer la classe politique française. Les réactions s’enchaînent dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Entendu mardi par les juges du pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris, Jérôme Cahuzac a admis avoir ouvert plusieurs comptes à l’étranger, dont en Suisse et à Singapour, pour un montant total avoisinant les 600 000 euros.
Après avoir nié les accusations portées contre lui à plusieurs reprises, l’ex-membre du gouvernement a
fini par tout avouer, ce qui a donné lieu à un véritable coup de théâtre.
Sur son blog, Jérôme Cahuzac, rongé par les remords, a demandé pardon au Président de la République, au Premier ministre, au peuple français ainsi qu’aux médias.
Depuis l’Elysée, François Hollande a condamné avec "sévérité" une
"impardonnable faute morale". "
Je lui ai dit de vive voix qu’il nous avait trahi. Il l’a reconnu", ajoute pour sa part Jean-Marc Ayrault sur France 2.
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, qui se dit être "profondément affectée" a précisé que ni François Hollande ni Jean-Marc Ayrault n’étaient au courant "bien entendu" des agissements de l’ancien ministre.
"Quelques minutes après qu’il ait eu cette information, la colère de François Hollande n’était pas feinte. Le président de la République s’est senti totalement bafoué, trahi. Il a bien compris, comme nous tous, que notre modèle est écorné, c’est la raison pour laquelle nous en voulons beaucoup à Jérôme Cahuzac", déclare-t-elle sur Europe 1.
De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste a rapidement fait savoir que Jérôme Cahuzac est exclu définitivement du PS. "Par ses actes d’une extrême gravité, incompatibles avec les exigences de la vie politique et des mandats publics, la possession de compte à l’étranger pour frauder le fisc abritant des centaines de milliers d’euros, et par ses mensonges intolérables vis à vis du président de la République, de la représentation nationale et des Français, Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait du Parti Socialiste. (...) Je lui demande, également, de tirer toutes les conclusions de ses agissements en renonçant à ses mandats électifs", écrit dans un communiqué Harlem Désir.
Ce dernier s’est également adressé à l’opposition pour dénoncer "les tentatives indécentes d’exploitation politicienne de cette affaire individuelle, fondée sur le mensonge de Jérôme Cahuzac, pour mettre en cause le président de la République et le gouvernement".
Le président de l’UMP Jean-François Copé a interpellé François Hollande en demandant s’il "savait" tout. Le président de l’UMP a exigé des explications de la part du chef de l’Etat "devant les Français". Selon lui, ce mensonge "signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons".
Pour Christian Jacob, patron des députés UMP, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne pouvaient pas ignorer l’existence de ces comptes bancaires. "Le tout est de savoir à partir de quand ils savaient. On est dans une affaire d’une extrême gravité". (...)"A quel moment ont-ils été informés ? ", se demande-t-il sur RTL mercredi matin.