Alors que la date butoir du 31 décembre, au-delà de laquelle il n’est plus possible de s’inscrire sur la liste électorale approche, l’opposition reproche au gouvernement français l’absence de la traditionnelle campagne de sensibilisation des électeurs à y prendre part.
Le sprint final est engagé pour les citoyens qui ne se sont pas encore inscrits sur la liste électorale. Ils n’auront que jusqu’à samedi pour le faire, pourtant, l’affluence n’est pas au rendez-vous dans les mairies. Devant ce constat, l’opposition ne peut s’empêcher de polémiquer. Ils fustigent ainsi le gouvernement de ne pas avoir assez fait pour sensibiliser les électeurs à s’inscrire. Pour la plupart d’entre eux, le dispositif mis en place n’est pas assez suffisant.
« Je soupçonne que c’est parce qu’il y a peut-être, de la part du gouvernement, l’idée que ça serait mieux que certains ne votent pas », a déclaré hier le candidat centriste François Bayrou en suspectant le gouvernement de craindre l’abondance de nouveaux inscrits tels que les jeunes arrivés en âge de voter. Le président du Mouvement Démocrate (MoDem), intervenu sur RTL mercredi, a fustigé : « on se trompe profondément en faisant ça, parce que ressaisir les forces du pays, c’est en ressaisir aussi toutes les énergies, toutes les forces vives ». Il a d’ailleurs qualifié cette situation de « faute civique », en rappelant au passage que toutes les précédentes élections étaient traditionnellement précédées de grandes campagnes de sensibilisation à l’endroit des votants.
Pour sa part, Bruno Le Roux, l’un des porte-parole du candidat socialiste François Hollande, a lâché ce mercredi, dans un communiqué « à la veille d’une double échéance, présidentielle et législative, capitale pour notre pays, jamais n’a-t-on connu gouvernement et président aussi aphones sur l’inscription sur les listes électorales et aussi hypocrites sur les moyens faiblement utilisés ». Najat Vallaud-Belkacem, une autre porte-parole du parti de s’interroger « le gouvernement se désintéresse-t-il totalement de la jeunesse ? Ou craint-il sa sanction si elle accède aux urnes ». « On estime pourtant aujourd’hui à 9 % du corps électoral le nombre de Français non inscrits. Parmi eux, les jeunes sont les premiers concernés : 29 % chez les 18 ans, 13 % chez les 18-22 ans », a-t-elle tenu à préciser.
De son côté, la droite rétorque en dénonçant une « campagne orchestrée par la gauche », d’après l’UMP. « Cette campagne n’a certainement pour seul objectif que de faire oublier aux Français les ambiguïtés et les indécisions du candidat François Hollande : la ficelle est bien connue quand on n’a pas de fond, on mise sur la forme », devait lancer Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe du parti présidentiel, dans un communiqué. Elle a précisé également que le gouvernement a bel et bien lancé une vaste campagne de communication dont le montant investi dépasse largement celui de 2006.
Sur le site de ce parti présidentiel, un communiqué des Jeunes populaires fustigent « les fantasmes exprimés par l’équipe de François Hollande sur l’absence de campagne ». « Ce n’est pas en créant des polémiques de politicards que les jeunes croiront en la politique et participeront aux scrutins de 2012 », ont-ils écrit.
En effet, outre la distribution d’affichettes et de dépliants dans les mairies, associations et centres culturels, le ministère de l’Intérieur a indiqué avoir multiplié par six sa subvention à l’association Civisme et Démocratie (Cidem), par rapport aux précédentes élections de 2006, notamment dans le lancement de mon.service-public.fr, à travers lequel les citoyens peuvent aussi s’inscrire.
« Jamais on n’avait fait autant d’efforts », a déclaré, pour sa part, Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère qui a fourni les 181 000 euros que coûte cette campagne de Cidem. En 2006, cette subvention était de 31 000 euros selon ce responsable.