Alors préfet hors-cadre chargé des Etats généraux de l’Outre-Mer pour La Réunion, le haut fonctionnaire avait lâché cette phrase lors d’un contrôle de sécurité qui s’était envenimé.
En transit, le préfet et son épouse sont fatigués par le voyage et pressés. Mais au moment du contrôle, l’alarme retentit et le ton monte avec les agents de sécurité. En quittant le portique, l’homme s’emporte : « On se croirait en Afrique ici ! » lâche-t-il.
Trois agents de la société Securitas, dont deux femmes noires, avaient porté plainte contre lui. A la suite de cette affaire, il avait été mis en retraite d’office. Ses propos avaient provoqué une vive polémique avec le ministre de l’Intérieur, accusé par Langlade d’avoir « orchestré » cette affaire « pour se refaire à bon compte une virginité de parfait antiraciste » après son passage au ministère de l’Identité nationale. Ce dont Brice Hortefeux s’était défendu...
L’ancien préfet a admis avoir tenu ces propos mais récusé tout racisme. « J’ai simplement voulu dire que c’était le bordel (...) Si le contrôle avait été rigoureux, j’aurais pu dire : On se croirait à Singapour ou aux Etats-Unis », a-t-il déclaré. « Je suis peut-être une grande gueule (...) mais je ne suis pas raciste », a-t-il ajouté, n’hésitant pas à interrompre plaignants comme avocats.
A la barre ou assis sur sa chaise, Paul Girot de Langlade trépigne, secoue la tête en signe de désapprobation, réfutant avoir évoqué la couleur de peau des agents et expliquant s’être senti « agressé » lors du contrôle. Pourtant, selon une des plaignantes, il aurait toutefois déclaré qu’« il n’y avait que des Noirs ici » et s’était prévalu de sa qualité de préfet lors du contrôle.
Pour le représentant du ministère public, Bernard Thouvenot, la question n’est pas de savoir s’il est raciste : « La loi ne sanctionne pas une opinion, mais elle sanctionne son expression publique », rappelle-t-il, dénonçant des propos « outrageants » et « méprisants » qui reprennent une idée largement véhiculée et péjorative que « le seul fait d’être en Afrique constitue un désagrément. » « La réserve est la moindre des choses qu’on peut attendre d’un haut fonctionnaire », ajoute-t-il en réclamant 5 000 euros d’amende.
L’ex-préfet « a dit une connerie, mais ce n’était pas raciste », lance Me Gilbert Collard, l’avocat du fonctionnaire, fustigeant la « police de la pensée » et la « douane des mots ». « On a cherché à le rendre raciste parce que quelqu’un avait besoin de se faire passer pour un anti-raciste de service », dit l’avocat, visant sans le nommer le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
Pour ses derniers mots à la barre, M. Girot de Langlade finit pas concéder quelques « regrets ». « Je suis désolé d’avoir vexé ces personnes ». Le jugement sera rendu vendredi. Sera-t-il plus lourdement condamné que Brice Hortefeux ? Ce dernier avait écopé en juin dernier d’une amende de 750 euros par le tribunal correctionnel de Paris pour « injure raciale » après ses propos tenus à l’université d’été de l’UMP, en septembre à Seignosse dans les Landes. Condamnation de laquelle le ministre avait aussitôt fait appel.
(source:Leparisien.fr)