Trois débats ou un seul à organiser entre Nicolas Sarkozy et François Hollande d’ici le second tour ? C’est la grande question qui fait débat au lendemain du premier tour du dimanche 22 avril, alors que traditionnellement, un seul grand oral suffit entre les deux finalistes, pendant l’entre-deux tours.
Au lendemain du premier tour, Nicolas Sarkozy a annoncé « un très grand rassemblement le 1er mai » autour du thème du « vrai travail ». Mais ce qu’il faut retenir de la soirée électorale, le candidat de l’UMP a proposé depuis son QG à Paris d’organiser trois débats entre les deux tours sur le thème économique et social, et international. "Tout doit être débattu sans hypocrisie, sans esquive, sans faux fuyant", insiste-t-il, peu avant d’appeler François Hollande à « ne pas fuir » ce face-à-face en trois rounds.
« M. Hollande ne doit pas fuir », affirme le président sortant. « Il doit assumer ses responsabilités, comme j’assume les miennes. Je ne fuirai pas, je ne me déroberai pas, si Mr Hollande se dérobe ce sera sa responsabilité. Je redis mon incompréhension dans le fait que F. Hollande fuit les débats », martèle-t-il.
François Hollande a aussitôt décliné cette proposition, estimant qu’un seul duel suffira, et il "durera le temps qu’il faudra". La confrontation entre les deux finalistes est prévue le 2 mai en présence des journalistes David Pujadas et Laurence Ferrari.
« Ce sera plutôt un tête-à-tête qu’un corps-à-corps. Mieux vaut être dans l’élévation que dans un pugilat », déclare le candidat PS, au micro de BFM TV. « Je sais d’où je viens et je sais ce que je dois à ceux qui m’ont accompagné depuis le départ », ajoute-t-il plus tard depuis Quimper.
« Ce n’est pas parce qu’il a un mauvais résultat qu’on va changer l’organisation. Il fait partie des mauvais élèves qui disent ’on doit changer l’organisation de l’épreuve’ », conclut le candidat socialiste.
Voici la déclaration de Nicolas Sarkozy à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle :
« Avec une participation supérieure à 80%, les Français ont pris la mesure du choix historique qu’ils ont à faire pour l’élection présidentielle. Les Français ont fait un acte de civisme et en agissant ainsi ils ont démenti toutes les prédictions et déjoué tous les pronostics.
Les Français ont exprimé un vote de crise, témoignant de leurs inquiétudes, de leurs souffrances et de leurs angoisses face à ce nouveau monde qui est en train de se dessiner. Ces angoisses, ces souffrances, je les connais. Ces angoisses, ces souffrances, je les comprends.
Elles portent sur le respect de nos frontières, la lutte déterminée contre les délocalisations, la maîtrise de l’immigration, la valorisation du travail, la sécurité, pour eux et pour leurs familles.
Je sais que dans ce monde qui bouge si vite, le souci de nos compatriotes de préserver leur mode de vie est la question centrale de cette élection.
Les deux candidats désignés pour le second tour par les Français ont maintenant un devoir de vérité et un devoir de courage. Nul n’aura le droit de se dérober. Le moment crucial est venu, celui de la confrontation des projets et du choix des personnalités.
Il s’agit de désigner celui qui aura la responsabilité de notre pays et qui devra protéger les Français pendant les cinq années à venir.
J’ai exercé pendant cinq ans cette fonction. J’en mesure le poids et j’en connais les devoirs.
Ces deux semaines qui viennent doivent permettre à chacun d’entre vous de faire un choix dans la clarté. Tout doit être débattu, sans hypocrisie, sans esquive, sans faux-fuyant.
C’est pourquoi je propose que trois débats soient organisés entre les deux candidats, portant sur les questions économiques et sociales, sur les questions de société et sur les questions internationales. Les Français ont le droit à la vérité et à la clarté.
Chacun pourra faire son choix en toute connaissance de cause. Je vais aller à votre rencontre, je préciserai encore mes engagements. Je vous prie de me croire, j’y consacrerai toute l’énergie dont je suis capable.
J’appelle tous ceux qui refusent la fuite en avant dans les dépenses publiques sans aucun contrôle et qui ne veulent pas que la France connaisse le sort de tant de nos voisins européens aujourd’hui emportés par la crise.
J’accueillerai tous ceux qui souhaitent se rassembler autour de mon projet, je le ferai sans aucun esprit partisan, c’est à tout le peuple français que je veux parler.
Je souhaite remercier tous ceux qui m’ont soutenu dès le premier tour, grâce à leur mobilisation, nous pouvons aborder le second tour avec confiance.
J’appelle maintenant tous les Français qui mettent l’amour de la patrie au-dessus de toute considération partisane ou de tout intérêt particulier à s’unir et me rejoindre ».
Voici le discours de François Hollande à l’issue du premier tour de la présidentielle
« Mesdames, Messieurs, mes chers concitoyens, les Françaises et les Français se sont massivement mobilisés dans cette élection présidentielle avec une participation rare, 80%.
Plusieurs faits majeurs sortent de ce scrutin et ils sont incontournables.
Le premier, c’est que je suis ce soir en tête du premier tour. Je veux remercier chaleureusement les électrices et les électeurs qui, par leur suffrage, m’ont placé dans cette position qui m’honore et m’oblige, la plus forte pour l’emporter.
C’est un acte de confiance dans le projet que j’ai présenté devant les Français pour redresser notre pays dans la justice, pour maîtriser la finance, pour retrouver la croissance et l’emploi, pour réduire la dette, pour protéger notre industrie, pour promouvoir les valeurs de la République, pour préparer l’avenir et notamment la transition énergétique.
Voilà ce que j’ai dit aux Français pendant des mois avec constance, avec cohérence, et ils m’ont répondu ce soir en me permettant d’être aujourd’hui le mieux placé pour devenir le prochain président de la République.
Le second fait majeur du scrutin, et il est sans appel, c’est que le premier tour représente une sanction du quinquennat qui s’achève et un désaveu du candidat sortant dont le discours tout au long de ces derniers mois a fait le jeu de l’extrême droite.
Car c’est le dernier élément qu’il faut regarder en face ce soir : jamais le Front national n’avait atteint un tel niveau dans une élection présidentielle, même en 2002 où il avait été qualifié pour le second tour il n’avait pas mobilisé autant de suffrages.
C’est un nouveau signal qui appelle à mes yeux un sursaut dans la République et une compréhension non pas simplement des colères, mais de ce qui travaille notre pays dès lors qu’il n’est pas porté avec fierté sur ce qui doit l’élever, et qu’il est parfois abaissé, amoindri. Et c’est ce qui s’est passé depuis cinq ans.
Ce soir, je deviens par le vote des Français le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre où tous les atouts de la France seront mobilisés. Je pense à la jeunesse qui attend que lui soit enfin donnée toute sa place et je le ferai. Au terme de ce premier tour, je suis le candidat du rassemblement pour le changement. Ce rassemblement doit être le plus large possible. Il concerne d’abord les forces de gauche et les écologistes dont je suis aujourd’hui le représentant. Je salue les candidats du premier tour Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly qui ont appelé clairement et sans négociation à me soutenir pour le second tour.
Je suis aussi le candidat de rassemblement de tous les citoyens attachés à une République enfin exemplaire, soucieux de l’impartialité de l’Etat, candidat de tous les Français qui veulent que l’intérêt général prenne le dessus sur les privilèges. Je mesure la responsabilité qui est la mienne. D’abord, réussir une alternance qui redonne confiance aux Français dans l’action politique et dans la morale publique.
Ensuite, répondre aux inquiétudes légitimes, aux colères nombreuses que le scrutin a révélées : le chômage, la précarité, l’amputation du pouvoir d’achat, les inégalités qui se sont creusées, les rémunérations indécentes et l’insécurité qui frappe les catégories les plus exposées et notamment les plus pauvres. Enfin, ma dernière responsabilité, et je sais que je suis regardé au-delà des frontières de notre pays, c’est de réorienter l’Europe sur le chemin de la croissance et de l’emploi.
Grâce à vous ce soir, le changement est désormais en marche et rien, je dis bien rien, ne l’arrêtera. Il dépend désormais du peuple français et le choix est simple : soit continuer une politique qui a échoué avec un candidat sortant qui a divisé, soit redresser la France dans la justice avec un nouveau président de la République qui rassemblera. Le 6 mai, je veux une victoire, une belle victoire à la hauteur de la France, de son histoire et de son avenir. Et pendant tous ces jours qui me sépareront du second tour, je continuerai à rencontrer les Francais, à les mobiliser et leur dire la fierté qui est la mienne de conduire cette campagne, et qui sera, s’ils en décident, la fierté de conduire le pays comme président de la République.
Merci. »