Le mea culpa de Dominique Strauss Kahn au 20H de TF1 a été suivi par plus de 13 millions de téléspectateurs, selon la Médiamétrie. Cette intervention a suscité, il va sans dire, des réactions massives.
Quatre mois après son arrestation à New York pour tentative de viol contre la femme de chambre Nafissatou Diallo, Dominique Strauss-Kahn s’est expliqué publiquement dimanche soir sur le plateau de TF1. L’ancien patron du FMI a confessé une " faute morale " mais nie toute tentative de viol. Ses explications ont été diversement appréciées, et le public est partagé entre indignation et satisfaction.
Par le biais de l’avocat français Me Thibault de Montbrial, les avocats de Nafissatou Diallo dénoncent "une opération de communication totalement maîtrisée, sans aucune spontanéité, ni dans les questions, ni dans les réponses et maîtrisée y compris dans la gestuelle. On sentait une grande crispation ".
L’avocate féministe Gisèle Halimi pointe du doigt un " entretien de connivence " entre Dominique Strauss-Kahn et Claire Chazal au JT de TF1. "On a assisté à un entretien de connivence où les liens d’amitié entre la journaliste qui l’interrogeait et DSK sont apparus gros comme des câbles", déclare-t-elle sur RTL. "Ce qui est grave, c’est que chaque fois que la dignité des femmes est en cause comme cela, on tente de faire passer les femmes qui sont de pures victimes pour des affabulatrices", ajoute la militante féministe.
Chez les politiques, les réactions sont particulièrement animées. Sur LCI, la patronne du FN Marine Le Pen estime que DSK s’est évidemment bien préparé d’avance, raison pour laquelle il n’y a eu " aucune spontanéité dans ses déclarations ". " Il n’a retrouvé sa spontanéité que quand il a commencé à parler de politique. Les artifices de communication étaient tellement visibles qu’on n’arrivait pas à y croire ", fustige la présidente du Front national.
Pour sa part, Jean-François Copé juge la prestation de DSK de " dérisoire et triste ". Le secrétaire général de l’UMP s’est dit " profondément choqué" par l’hypothèse du complot dont pourrait être victime l’ancien patron du FMI. " La théorie du complot, ça va bien ! (…) Je ne peux pas accepter les sous-entendus ", affirme-t-il sur Europe 1.
Sur France Info, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, juge que DSK s’est livré à une " confession lamentable ".
Du côté des socialistes, l’on se montre plutôt pressé à tourner la page. Pierre Moscovici déclare : " Nous, socialistes, nous ne devons pas rester scotchés sur ce qui s’est passé dans cette chambre 2806 (...) On ne saura jamais complètement, même s’il faut prendre au sérieux ce que DSK a dit ". Le directeur de campagne de François Hollande ajoute : " J’ai vu quelqu’un qui voulait effacer cette faute, en tous cas présenter ses regrets, et puis qui était déjà lui-même dans un processus de reconstruction ".
Quant à Ségolène Royal, elle estime que " cette émission a permis de clore quelque chose qui nous a beaucoup trop occupés ". La candidate à la primaire socialiste exprime son " envie de tourner maintenant la page, de permettre aux Français de passer à autre chose, d’élever le débat politique ".
Un autre candidat à l’investiture socialiste, Arnaud Montebourg affirme que son " avis importe peu. Ce qui compte, c’est que nous tournions cette page qui n’a pas été seulement l’humiliation d’un homme, mais une humiliation collective et nationale ". Selon lui, DSK " aurait dû présenter des excuses afin que nous puissions parler d’autre chose ". " Je crois qu’il devrait s’astreindre à un silence méthodique. Nous avons besoin de pouvoir travailler tranquillement, sans être obligés de commenter un fait divers ", conclut-il sur Europe 1.
Sur i-Télé, le député PS Jean-Marie Le Guen estime que Dominique Strauss Kahn s’est exprimé avec "beaucoup d’émotion, beaucoup de gravité, beaucoup de sincérité et beaucoup de force. C’était évidemment extrêmement douloureux pour lui", commente-t-il. "Il a eu la volonté de clamer son innocence et de réfuter les calomnies qui, au-delà des événements du 14 mai, pour lesquels il a reconnu une faute morale, il a été victime d’une campagne de calomnies, il a été instrumentalisé par différentes volontés politiques", ajoute le député parisien.
La vice-présidente PS du Conseil régional d’Ile-de-France, Michèle Sabban, une amie très proche de DSK, souligne que "100 % de son temps est consacré à rétablir sa vérité, et il nous l’a montré ce soir". "Le moment sur la crise nous laisse un sentiment de gâchis. C’est aujourd’hui le seul qui peut s’exprimer comme il s’est exprimé avec ce que nous vivons en ce moment", insiste-t-elle sur LCI.
L’ancien ministre Jack Lang apporte également son soutien sans faille à l’ex-patron du FMI."Dominique a parlé la langue du cœur, de la vérité et de l’intelligence", écrit-il dans un communiqué. "Son intervention remarquable était pleine d’émotion et de justesse. Je suis fier d’être son ami (...). Il a révélé une fois de plus sa haute stature intellectuelle et morale, dont je n’ai personnellement jamais douté. (...) Son analyse visionnaire de l’Europe fait apparaître que la France aura de nouveau besoin de son impressionnante compétence et de son expérience.", ajoute M. Lang.
La mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, qui a eu par le passé des relations intimes avec DSK, a également réagi après l’intervention du présumé agresseur de sa fille. Elle qualifie la prestation de l’ex-directeur du FMI comme "un exercice de dramaturgie". "Il nous a raconté une très belle histoire sans donner les bases qui nous permettraient de savoir ce qui s’est réellement passé", commente la vice-présidente PS du Conseil général de l’Eure.