Malgré une totale implication à toute épreuve et sa grande capacité à mettre en avant le dialogue, Jean-Marc Ayrault n’a tenu que 22 mois à la tête du gouvernement. Retour sur son parcours.
Jean-Marc Ayrault a quitté sa fonction de Premier ministre
lundi 31 mars au terme d’1 an et 10 mois d’exercice. Depuis sa nomination en 2012, cet ex-maire de Nantes n’a jamais conquis véritablement l’opinion, le jugeant peu convainquant et moins combatif, aux côtés d’un président qui, lui aussi, n’a cessé de dégringoler dans les sondages.
Ensemble, les deux hommes entreprennent de nombreuses réformes qui, pour la majorité, se sont toutes heurtées à de vives critiques de toute part.
Les mesures les plus contestées
On retiendra à titre d’exemple les reformes fiscales dont la taxe à 75%, très mal perçue par les sportifs professionnels, ou encore la taxe carbone qui fait polémique même au sein du PS. Au sein du patronnât, on dénonce des taux de prélèvements qui ne cessent de grimper d’année en année, pour passer de 43,9% du PIB en 2011 à 45,9% en 2013. Devant les diverses contestations, même le ministre de l’Economie Pierre Moscovici est forcé de reconnaître qu’il y a effectivement un « ras-le-bol fiscal » de la part des contribuables.
La
loi sur le mariage pour tous, a aussi donné lieu à des foyers de tension avant qu’elle ne soit adoptée finalement en avril 2013. Il en est de même pour le texte prévoyant un remboursement total de l’interruption volontaire de grossesse et la gratuité des pilules contraceptives pour les mineures de 15 à 18 ans.
De ces 22 mois sous l’ère Ayrault, on retiendra aussi cependant un bilan plus positif comme la mise en place de la
réforme sur la retraite, l’instauration en cours de la loi sur l’Égalité-femmes-hommes qui dispose une réforme sur le congé parental. Il y avait aussi la revalorisation du RSA socle…
Démissionnaire à mi-chemin, l’ex-maire de Nantes ne sera pas présent lorsque toutes les reformes qu’il a initiées avec François Hollande porteront leurs fruits ou, seront tout au moins effectives. En l’occurrence, la mise en pratique des nouveaux rythmes scolaires, notamment semaine de 4,5 jours en primaire, qui devraient se concrétiser dès la prochaine rentrée, ou encore le pacte de responsabilité qui reste encore à finaliser et devant réduire les charges des entreprises tout en assurant une dynamique supplémentaire à la création d’emploi.
On notera également la loi sur le non-cumul des mandats qui devrait être effective d’ici 2017.
Les paris non tenus
Malgré les efforts, entre autres la mise en place des contrats de génération, il faut reconnaître que la question de l’Emploi reste l’indicateur le moins reluisant du gouvernement Ayrault. A la place d’une inversion promise de la courbe du chômage, l’Exécutif s’est retrouvé face à une hausse quasi incessante du nombre des chômeurs à travers la France. De mai 2012 à février 2014, le pays totalise 420 000 nouveaux inscrits chez pole Emploi, rien que pour la catégorie A, regroupant les personnes n’exerçant aucune activité, rappelle Europe1. Au mois de février, le nombre des chômeurs frôle les 5 millions, un chiffre qui ne fait que raviver les inquiétudes au sein de la population.
Les tensions internes
Au cours de son mandat, Jean-Marc Ayrault a eu beaucoup de difficultés à se faire entendre par quelques membres de son équipe. On se rappelle de la prise de bec du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg qui était entré en conflit avec le n°1 du gouvernement sur le dossier Florange.
La violence des mots utilisés par le ministre témoigne de l’intensité des tensions qui régnaient au sein de l’Exécutif.
" Comment t’as pu me faire ça ? De quoi j’ai l’air après ce que tu as dit devant les Français alors que je me démène ? ", avait lancé Arnaud Montebourg après l’accord passé entre le premier ministre de l’époque et ArcelorMittal. Lui de rajouter encore " tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes dont tout le monde se fout ! Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes ".