Bernard Squarcini, patron de la Direction Centrale du Renseignement intérieur (DCRI) a été mis en examen hier par la juge Sylvia Zimmermann pour "atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données et recel de violation du secret professionnel". Le numéro 1 du renseignement est accusé d’avoir demandé les factures téléphoniques détaillées d’un journaliste d’investigation du Monde.
Auditionnée hier par la juge en charge de l’affaire, Bernard Squarcini, le patron des services de renseignement français, a reconnu les faits mais pas l’infraction. Le chef de l’administration regroupant les anciens renseignements généraux (RG) et l’antiterrorisme (ex DST) est soupçonné de s’être procuré les "fadettes" (factures de téléphone détaillées ) de Gérard Davet, journaliste d’investigation du Monde enquêtant sur l’affaire Woerth-Bettencourt. Considéré comme un as du renseignement, ce fils de policier et petit-fils de berger corse, a été nommé directeur de la surveillance du territoire en juin 2007 après avoir été numéro n°2 des Renseignements Généraux.
Surnommé "le squale" ou "Squarc" dans la police, Bernard Squarcini n’a pas pour autant l’intention de démissionner, a expliqué son avocat. Une démarche appuyée par le ministre de l’Intérieur Claude Guéant qui souligne que la présomption d’innocence continue à s’appliquer. Reconnaissant les faits, Bernard Squarcini nie l’infraction. L’analyse des fadettes visait à identifier les sources du journaliste, qui avait publié en été 2010 un article mettant en cause Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt.
Maître Patrick Maisonneuve, l’avocat du chef du renseignement français, a expliqué que la procédure ne relevait pas "d’espionnage illégal" mais d’une procédure de routine visant à identifier et sanctionner un fonctionnaire qui n’aurait pas respecté son droit de réserve en communiquant un procès-verbal d’audition à la presse. Bernard Squarcini a été mis en examen après son audition.