Le débat sur le coût de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a refait surface à l’occasion de la journée de la femme hier, jeudi 8 mars. Marine Le Pen, la candidate FN à la présidentielle, a provoqué l’indignation de la classe politique pour avoir évoqué la possibilité de "dérembourser" l’avortement en cas de besoins budgétaires. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé avoir renoncé à la revalorisation du forfait versé par la Sécurité Sociale aux professionnels de santé pratiquant l’avortement, une mesure pourtant promise par Roselyne Bachelot en 2010.
Lundi, la candidate FN, Marine Le Pen, a relancé un vif débat sur l’accès à l’IVG, pour avoir affirmé qu’en cas de nécessité budgétaire, elle était prête à prendre la décision de ne plus rembourser ce qu’elle considère comme « des avortements de confort ». Jeudi à l’occasion de la Journée de la femme, elle a précisé qu’elle n’avait pas l’intention d’« interdire l’avortement, mais mettre fin à des abus ». « Il y avait une femme sur dix il y a dix ans, il y en a deux sur dix aujourd’hui qui se servent de l’avortement comme d’un véritable moyen contraceptif », déplore-t-elle, pointant ce qu’elle qualifie comme des « des avortements de confort ». La présidente du parti de l’extrême droite a donc proposé de dérembourser ces types d’avortement pour privilégier certains actes médicaux « qui ne peuvent pas être évités ».
Les retentissantes déclarations de Marine Le Pen n’ont pas manqué d’agiter la classe politique française. De son côté, le gouvernement est revenu sur sa décision de revaloriser à hauteur de 50% le forfait versé par la Sécurité sociale aux établissements pratiquant des avortements. Cette mesure promise en 2010 par l’ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait pour but de favoriser l’avortement, un acte encore peu prisé par le milieu médical.
Pour autant, Nicolas Sarkozy s’est déclaré en « total désaccord » avec la candidate FN. Mardi, l’actuel ministre de la Santé Xavier Bertrand, avait fermement dénoncé « un recul sans pareil vis-à-vis des femmes ».
Le coût de l’IVG ne cesse d’alimenter les débats depuis fort longtemps. Certains établissements de santé ont préféré ne plus pratiquer cette activité faute de rentabilité, d’après les explications données. Selon les chiffres officiels révélés par le site service-public.fr, le coût forfaitaire d’une IVG médicamenteuse en cabinet médical s’élève en moyenne à 190 euros. Mais les frais pourraient monter de 250 à 450 euros pour l’IVG chirurgicale.
Quant à la prise en charge, elle varie de 70% (si l’avortement est pratiqué dans un cabinet médical) à 80% (à l’hôpital). Le reste, soit 20 ou 30%, est à la charge de la patiente, si elle n’est pas affiliée à une mutuelle. La secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra a expliqué que le gouvernement a renoncé à la revalorisation du forfait IVG car elle augmenterait aussi le reste à charge pour la patiente. A noter que l’IVG est prise en charge à 100% pour les mineures et les personnes disposant de la couverture maladie universelle (CMU).
Du côté des politiques, les candidats à la présidentielle sont divisés sur la question du coût de l’IVG. Seuls deux d’entre eux, Eva Joly (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) sont favorables au remboursement intégral de l’intervention pour toutes les femmes. Pour sa part, le candidat socialiste François Hollande souhaite faciliter l’accès aux centres pratiquant l’IVG.