Jacques Chirac a été condamné ce jeudi à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Il devient ainsi le premier président à être condamné en correctionnelle.
Un nouveau rebondissement dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. L’ancien président français, Jacques Chirac vient d’être condamné à deux ans de prison avec sursis. Le procès s’est déroulé sans cet ancien président qui, quelques jours auparavant, avait fourni un rapport médical sur des troubles neurologiques « sévères » et « irréversibles ».
Cependant, il n’était pas le seul absent du procès, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, non plus, n’a pas répondu à sa convocation. En 2004, ce ministre avait été condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité, en tant qu’ancien adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris, dans le volet nanterrien de cette affaire.
La ville de Paris, en tant que principale victime, n’était pas non plus représentée à ce procès en raison de son renoncement à se constituer partie civile, suite à l’accord d’indemnisation de 2,2 millions d’euros conclu avec l’UMP et Jacques Chirac.
Par ailleurs, l’ancien directeur de cabinet Michel Roussin, et Pierre Boué ont été relaxés, contrairement aux sept autres prévenus qui, eux, ont été reconnus coupables. Parmi ces derniers, il y avait l’ex-secrétaire général de FO(Force Ouvrière), Marc Blondel qui s’est vu accorder une dispense de peine, les autres écopant de peines de prison avec sursis, comprises entre deux et quatre mois.
De nombreuses réactions ont émaillé la lecture de ce jugement dans la première chambre civile de Paris, par le président Dominique Pauthe.
A l’issue du procès, Me Georges Kiejman, l’un des avocats de l’ancien président, a manifesté sa déception. Questionné sur une probable procédure d’appel, lui de répondre « Il faut en parler avec l’intéressé et nous saurons ce soir s’il accepte cette décision ou s’il souhaite faire appel ». « J’espère que ce procès ne changera rien à l’affection que les Français portent à Jacques Chirac », a-t-il ajouté.
La fille adoptive de Chirac Anh Dao Traxel, qui a assisté à l’audience, est apparue très émue à la sortie du tribunal. Elle a déclaré que cette condamnation est « trop sévère » et que sa famille doit le « soutenir pour sa santé et le reste de ses jours ».
Me Karsenti, avocat de l’association anti-corruption Anticor, lui s’est réjouit du verdict. "C’est un message donné à l’ensemble des hommes politiques. C’est aussi la preuve d’une démocratie mature, transparente, qui arrive aujourd’hui à faire le tri et à juger un ancien président de la République et à ce titre, je crois que c’est une décision historique et extrêmement importante pour l’avenir de la démocratie française », a-t-il déclaré.
Conjointement, Eva Joly, la candidate EELV à la présidentielle, s’est félicitée de ce que « justice soit faite ». « Ce jugement rendu après un véritable marathon judiciaire est la preuve de la nécessité et de l’utilité d’une justice indépendante et qui juge à égalité l’ensemble des citoyens » devait- elle ajouter. Notons que cette ex-magistrate avait présenté quelques semaines auparavant, avec les députés EELV, une proposition de loi visant à réformer le statut pénal du chef de l’Etat pour mettre fin à l’immunité présidentielle et renforcer la transparence dans la démocratie. Une proposition qui fut rejetée par l’Assemblée le 6 décembre dernier.
Par ailleurs, le porte-parole du PS Benoît Hamon avait également apporté sa propre lecture à l’annonce du jugement : « Je me félicite que la justice passe, qu’elle ne distingue pas les justiciables selon qu’ils soient puissants ou pas. C’est un bon signe pour la démocratie française qu’une justice indépendante puisse prononcer un tel verdict à l’égard d’un ancien président de la République ». Lui de rajouter « Cela confirme qu’il y avait donc bien eu à la mairie de Paris ce que nous savions déjà - puisque l’UMP avait indemnisé la Ville de Paris - il y avait donc eu un manque de probité dans ce système d’emplois fictifs ».
Notons que le verdict du tribunal met fin à plus de vingt ans de démêlés judiciaires. Jacques Chirac, premier chef de l’Etat jugé en correctionnelle, a été condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, des faits qui remontent au début des années 1990, quand il était maire de la capitale.