Dominique Strauss-Kahn, à la tête du Fonds Monétaire International (FMI) depuis novembre 2007, partant favori dans les sondages pour les prochaines élections présidentielles françaises, a été inculpé pour "agression sexuelle, tentative de viol et séquestration" hier. A l’origine de l’arrestation, une plainte déposée par une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de New-York. Depuis l’éclatement de l’affaire, la tempête médiatique et politique se déchaîne. A l’échelle planétaire, la polémique fait rage.
- L’origine de l’affaire
Le patron du FMI a été arrêté samedi à New-York, à peine 10 minutes avant le départ prévu de son vol d’Air France, des enquêteurs en civil de l’Autorité des Ports de New York et du New Jersey ont embarqué à bord de l’appareil et ont procédé à l’arrestation de l’homme politique français, qui s’apprêtait à s’envoler pour Paris. A l’origine de l’arrestation, une plainte déposée par une femme de ménage de 32 ans, travaillant à l’hôtel de Manhattan Sofitel. Les faits se seraient déroulés vers 13 heures samedi heure de NY. L’employée serait entrée dans la chambre du président du FMI pour la nettoyer, quand celui-ci "serait sorti complètement nu de la salle de bain et aurait tenté de l’agresser sexuellement". Parvenant à s’échapper, elle aurait prévenu des collègues et appelée le 911. Mais lorsque la police est arrivée à l’hôtel M. Strauss-Kahn était déjà parti. Selon les affaires retrouvées dans la chambre comme son téléphone portable, il serait parti dans la précipitation. La femme de chambre a été transportée à l’hôpital Roosevelt pour "blessures mineures" .
Gardé à vue puis interrogé dans un commissariat d’Harlem, le patron du FMI a été inculpé pour "agression sexuelle, tentative de viol et séquestration".
-Les réactions des politiques
Peu nombreuses dimanche matin, les réactions politiques se sont multipliées par la suite. Marine Le Pen a été la plus virulente, déclarant que DSK était désormais "définitivement discrédité" dans sa course à l’Elysée. Les personnalités du Parti Socialiste, comme Martine Aubry ou Ségolène Royal, sont apparues atterrées hier par l’affaire. Martine Aubry s’est dit "stupéfaite", appelant à la retenue. S.Royal a affirmé que DSK avait le même droit que n’importe quel citoyen et pensait à sa famille (cf : DSK en garde à vue pour agression sexuelle).
François Bayrou, le président du Modem en visite à la Réunion, a déclaré que ces faits étaient "infiniment troublants" (Affaire DSK : "quelque chose d’infiniment troublant pour F.Bayrou).
Du côté du gouvernement, le porte-parole François Baroin, a souligné la présomption d’innocence, ne voulant pas s’étendre à plus de commentaires (F.Baroin souligne la présomption d’innocence dans l’affaire DSK)
Hier soir, Anne Sinclair, la femme de DSK s’est officiellement exprimée pour soutenir son mari. "Affirmant qu’elle ne croyait pas une seconde à ses accusations", elle compte bien sur le fait que son innocence soit prouvé.
- Blanchi dans une affaire d’abus de pouvoir
Dominique Strauss-Kahn avait déjà été sous le coup d’une accusation de la part d’une de ses collaboratrices, suite à une liaison avec elle. En 2008, sa carrière avait chaviré, avant qu’il ne soit blanchi de toute accusation d’abus de pouvoir (DSK a déjà été blanchi après une liaison extra-conjugale)
- Risque de 20 ans de prison
Hier, Dominique Strauss Kahn a dû comparaitre devant un juge new-yorkais , qui doit décider de l’incarcérer ou non. Ce n’est que la première étape de la procédure judiciaire accusatoire. DSK, étant donné la gravité des faits qui lui sont reprochés, pourrait lui valoir jusqu’à 20 ans de prison. Contrairement au système français, dans lequel un juge d’instruction met en examen le prévenu puis décide ou non de le renvoyer devant un tribunal à l’issue d’une longue enquête à charge et à décharge, la justice américaine se fonde sur un système accusatoire.
Selon le Wall Street Journal, le Wall Street Journal l’audition de DSK a été retardée pour permettre aux enquêteurs d’obtenir "l’autorisation d’examiner le patron du FMI, pour détecter la présence éventuelle de blessures, ou d’ADN de la plaignante".
- Un avenir compromis à la tête du FMI
Dans cette affaire, Dominique Strauss-Kahn risque de perdre définitivement sa place dans la course à l’Elysée. Son avenir à la tête du FMI est également compromis. Hier soir, l’instance international a décidé de le remplacer à la tête du FMI par John Lipsky, le numéro 2 de l’institution. Le FMI organise aujourd’hui une réunion informelle de tous ses membres pour parler des conséquences de cette affaire sur les intérêts liés aux dossiers en cours.
- L’intéressé "va bien" selon un de ses avocats
Dominique Strauss-Kahn a déjà annoncé par l’intermédiaire de son avocat, qu’il niait tous les faits qui lui étaient reprochés. Son avocat de Washington a déjà déclaré qu’il plaiderait non coupable dans cette affaire. Benjamin Brafman, l’un des avocats chargés de le défendre a déjà assisté des stars comme le rappeur P.Diddy pour port d’armes ou encore Mickaël Jackson, lors de son procès pour pédophilie. C’est l’une des pointures du barreau New-Yorkais. Selon William Taylor, un autre de ses avocats, Dominique Strauss-Kahn "va bien" après son interpellation pour tentative de viol. "Nous l’avons vu, il va bien, et nous serons avec lui au tribunal plus tard", a-t-il déclaré.