Selon le Canard enchaîné, Eric Woerth « aurait bradé une parcelle de la forêt de Compiègne avec son hippodrome et son golf à une association amie », la Société des Courses de Compiègne, jusqu’alors locataire des lieux, pour 2,5 millions d’euros.
Hier, le ministre du Travail a annoncé qu’il allait quitter ses fonctions de trésorier de l’UMP. Conformément à ce que lui a suggéré le chef de l’Etat, Eric Woerth, s’est résolu à renoncer au poste qu’il occupait depuis 2002. Cette démission sonne comme un aveu d’une confusion des genres, peu compatible avec la "République irréprochable" promis en 2007 par le Président.
Mais une nouvelle affaire vise aujourd’hui le ministre du Travail : alors que le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) vient de le blanchir Eric Woerth de tout favoritisme vis-à-vis de Liliane Bettencourt, la vente de l’hippodrome de Compiègne en mars dernier, alors qu’il était encore ministre du Budget, pourrait lui amener de nouveaux soucis. En effet, Le Canard enchaîné et Marianne affirment que "le ministre a autorisé cette cession à des connaissances à un prix très inférieur à celui du marché et dans des conditions discutables. Une transaction effectuée six jours avant son départ de Bercy, en mars dernier".
Pour plus de précision : "cette parcelle de la forêt de Compiègne, comprenant un hippodrome et un golf, a été cédée de gré à gré 2,5 millions d’euros à la Société des courses de Compiègne alors qu’elle en vaudrait dix fois plus", estiment les hebdomadaires.
Autre fait aggravant souligné par le Canard Enchaîné : Eric Woerth aurait imposé par arrêté à l’Office national des forêts de se séparer de « ce joyau de 57 hectares ». Au profit du président de la Société des courses de Compiègne que le journal satirique présente comme un « familier de Chantilly, de son hippodrome et de son maire Eric Woerth ». A noter également : "Antoine Gilibert, qui louait auparavant le terrain, est aussi l’un des dirigeants de France Galop, association dont Florence Woerth, fait partie depuis 2003".
Autre irrégularité soulignée par le Le Canard enchaîné. : "la transaction". Eric Woerth n’aurait pas respecté la procédure. La loi soumet au vote du Parlement toute cession d’une parcelle forestière si la superficie domaniale de la forêt est supérieure à 500 hectares, ce qui est le cas de celle de Compiègne (140.000 ha). Or cette consultation n’a pas eu lieu.
Marianne publie une lettre montrant qu’Eric Woerth se serait occupé personnellement du dossier et qu’il a donné son accord à cette vente. "Pour justifier cette implication, le maire de Chantilly aurait simplement soutenu que c’est Bercy qui exerce, via l’Office national des forêts, la tutelle du domaine forestier et non le ministère de l’Agriculture. Le dossier aurait même causé de vifs échanges entre les deux institutions", selon les deux médias.
La vente se serait faite "sans enchères, ni appel d’offres alors que les sociétés de courses ne peuvent bénéficier d’un tel privilège depuis une décision du Conseil d’Etat de 1979", ajoute le Canard enchaîné.
Bercy par le ministère de l’Agriculture a immédiatement démenti ces soupçons d’irrégularités. Selon Bercy, la transaction « s’est déroulée dans le strict respect du droit et dans l’intérêt de l’Etat ». Le ministère des Finances rappelle que « le droit forestier et domanial permet la vente d’une partie d’un domaine public forestier à trois conditions », réunies lors de cette cession : "une parcelle de moins 150 hectares, l’absence d’impact écologique et d’exploitation forestière". "S’il n’y a pas eu d’appel d’offres et si le prix de vente était faible, c’est que la société d’Antoine Gilibert possédait un bail de 12 ans et qu’elle était propriétaire des bâtiments déjà existant", affirme Bercy