Manuel Valls a prononcé devant les députés son discours de politique générale, ce 8 avril. Une occasion pour le premier ministre d’égrener les mesures phares de son gouvernement.
Comme prévu,
Manuel Valls a prononcé devant l’Assemblée nationale son discours de politique générale. Une occasion pour le nouveau premier ministre de revenir plus en détails sur les tenants et aboutissants de son action et sa méthode de travail.
De prime abord, il a laissé entendre sa volonté de redonner confiance aux français, qui "attendent beaucoup de nous" ou plus précisément de son gouvernement de combat. "Mon devoir, c’est de me hisser à la hauteur de leurs exigences", affirme le nouveau premier ministre, avant d’évoquer à demi-mot la déroute de la majorité aux récentes élections municipales.
"Aux municipales, ils ont dit leur déception, leurs doutes et parfois leur colère. Ils ont dit leur peur de l’avenir. Enfin, ils ont exprimé leur soif de justice". "J’ai entendu leur voix, j’ai aussi entendu leur silence. Ils veulent des résultats concrets en matière d’emploi, de lutte contre la précarité. Ce message, le président l’a entendu. C’est conscient de ma responsabilité que je me présente devant vous", déclare Manuel Valls, avant de saluer le travail accompli par son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, "qui a agi avec droiture et sens de l’État".
S’adressant au
groupe écologiste et à la majorité frondeuse, le premier ministre se pose en rassembleur : "
je dis au groupe des Verts que je n’ai pas d’adversaire à gauche et que nous pouvons avancer ensemble sur beaucoup de sujets". Pour lui, "
gouverner, c’est écouter toute la représentation nationale et donc l’opposition". "
L’opposition vient de remporter les élections municipales. Elle a donc une responsabilité envers les Français. Je veux l’écouter. Je propose aux présidents des groupes UMP et UDI de me rencontrer dès la semaine prochaine", poursuit Manuel Valls.
Sur le volet social, le premier ministre a fait part de sa détermination à combattre à bras-le-corps la "délinquance" qui "se déplace vers des territoires", qui étaient jusqu’à présent à l’abri de ce phénomène en pleine recrudescence. "Je pense aux villes moyennes, aux villages", précise-t-il. "Nos villes moyennes sont gangrénées par les trafic de drogue. L’augmentation des cambriolages est majoritairement responsable de la hausse du sentiment d’insécurité. Il y a enfin toutes ces incivilités, ces défis, ces bravades, contestant l’autorité", détaille-t-il.
Le nouveau chef du gouvernement reconnait que "tout cela joue sur le moral de nos concitoyens". "Chacun y a sa part de responsabilité. Voilà la vérité !", analyse-t-il. "La première chose que je dois aux Français c’est l’efficacité. C’est pour cela que j’ai formé un gouvernement resserré" et cohérent, comme l’a souhaité le président de la République François Hollande.
Au niveau économique, Manuel Valls a mis l’accent sur la nécessité de "développer notre productivité, notre compétitivité, notre attractivité" dans le contexte actuel de mondialisation des économies, où les entreprises se livrent une concurrence sans merci. "Le monde dans lequel la France agit est riche d’opportunités mais il peut aussi être violent". "Dans une économie globalisée, nos entreprises font face à une concurrence mondiale qui ne leur fait pas de cadeau", constate le locataire de Matignon. Avant de poursuivre : "nous devons renforcer notre commerce extérieur, notre tourisme, notre technologie dans bien des domaines. C’est notre but dans notre diplomatie économique."
Très attendu sur le front du chômage, Manuel Valls reconnaît que "le chômage assomme notre pays depuis des décennies", tout en rappelant une stabilisation, voire une légère inflexion des chiffres du chômage au cours de ces derniers mois. "Il y a moins de jeunes chômeurs qu’il y a un an, mais cela ne suffit pas", insiste-t-il. Et lui de continuer sur sa lancée : "sans une croissance plus forte, nous ne pourrons rien" faire. "Nous avons besoin de nos entreprises, de toutes nos entreprises. Entreprendre, créer, prendre des risques, c’est cette démarche positive que je vais encourager car elle fait du bien à notre pays", martèle le premier ministre, en faisant référence au pacte de responsabilité et de solidarité, l’une des mesures phares du quinquennat de François Hollande.
Confirmant une information révélée quelques minutes plus tôt par le député Christian Eckert, rapporteur de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Manuel Valls a annoncé devant le Parlement un collectif budgétaire à la fin du mois de juin, avec à la clé, 50 milliards d’euros d’économies sur une période de trois ans, entre 2015 et 2017, un engagement du chef de l’État, qui souhaite une réduction drastique des dépenses publiques.
Devant les députés, le nouveau premier ministre a mis en lumière "un changement de rythme ". "De 2015 à 2017, l’effort sera partagé par tous, 17 milliards d’euros pour l’État, 10 milliards pour l’assurance maladie et 10 milliards pour les collectivités locales", détaille-t-il.
Le premier ministre a aussi égrené d’autres mesures sur le plan économique, dont l’une d’elles porte sur une baisse du coût du travail de 30 milliards d’euros d’ici à 2016. "Pour les salaires jusqu’à 3 fois et demi le Smic, c’est-à-dire plus de 90% des salariés, les cotisations famille seront abaissées de 1,8 point au 1er janvier 2016", explique-t-il.
Autre chantier économique évoqué, Manuel Valls prévoit d’alléger l’impôt sur les sociétés. Il souhaite ainsi "réduire les impôts de production", dont la "taxe C3S qui est payée par 300.000 entreprises". Il se fixe un délai de trois ans pour supprimer cette taxation, ce qui permettra de réaliser "six milliards de marges supplémentaires" au sein de ces entreprises. La surtaxe "instaurée sous la précédente mandature" sera supprimée en 2016. Tandis que son taux normal "abaissé à 28% en 2020 avec une première étape en 2016".
Toujours sur le
volet économique, Manuel Valls a également mis en avant les enjeux de "
l’économie verte" sur l’économie globale. "
La croissance, c’est aussi l’économie verte", dit-il, évoquant au passage la mise en œuvre de la "transition énergétique", qui fera partie des priorités de son gouvernement. "
C’est une formidable opportunité économique qui réduit notre déficit commercial et renforce notre souveraineté. Elle renforce notre pouvoir d’achat et encourage des secteurs porteurs en termes d’emploi."
Et lui de rappeler que Paris abritera la grande conférence sur le climat en 2015. Il s’agit d’un "enjeu planétaire majeur". Dans la foulée, il a indiqué qu’une "stratégie bas carbone" sera soumise au Parlement, l’objectif étant de "réduire de 30% notre consommation d’énergies fossiles et de 40% nos émissions de gaz à effet de serre". Parallèlement, l’engagement de François Hollande, qui vise une réduction de 50% de la part nucléaire d’ici à 2025, sera "tenu" et "inscrit dans la loi".
Un autre chantier majeur du gouvernement Valls concernera le découpage territorial. En effet, le premier ministre a fait savoir qu’il a l’intention de diviser par deux le nombre des régions dans l’Hexagone, comme le rapporte Le Figaro.
"Notre indépendance financière passe aussi par des réformes de structure, notamment celle de ce qu’on appelle le millefeuille territorial", se justifie-t-il, avant de dévoiler "quatre changements majeurs". "Le premier concerne nos régions qui doivent disposer d’une taille critique. Je propose de réduire de moitié le nombre de régions dans l’Hexagone". "Une nouvelle carte des régions sera établie pour le 1er janvier 2017". D’autres "changements" sont aussi prévus, entre autres, la suppression de la clause de compétence générale et la suppression à l’horizon 2021 des conseils départementaux, ainsi que la mise en place d’une nouvelle carte intercommunale pour le 1er janvier 2018.
Concernant la réforme des rythmes scolaires, Manuel Valls a promis un assouplissement du dispositif. Il a expliqué qu’il est prêt à "investir dans l’école de la République, dans ses enseignants qu’il faut chérir parce qu’ils transmettent les savoirs et les valeurs de la République". Son but est de "rétablir la République dans sa fonction première", qui permet à "chaque enfant doit bénéficier des mêmes opportunités".
Selon lui, il s’agit d’"une bonne réforme car avec elle, beaucoup plus d’enfants ont accès à des activités périscolaires complémentaires de l’éducation fournie par l’école". Pour autant, il a souligné qu’il a "entendu les remarques de bonne foi des élus" et a assuré que "le cadre réglementaire sera assoupli". Concernant le logement, il a fait savoir que des arrêtés seront publiés "avant l’été" afin de relancer ce chantier.
En ce qui concerne la politique d’immigration et l’asile, deux projets de loi sont actuellement à l’étude et seront bientôt présentés au Parlement.
Le premier ministre a terminé son discours en disant que "les Français doivent se regarder avec lucidité mais aussi fierté". Il fait l’éloge de la France et de sa "grandeur", non "pas une nostalgie mais une ambition qui nous anime de génération en génération", avant d’énumérer les "atouts" du pays axés principalement sur : l’agriculture, la ruralité, le patrimoine comme la modernité. Ont été tour à tour cités, notamment les outre-mers ou les Français de l’étranger.
Bref, il a invité les acteurs politiques de tous bords à ne pas "rétrécir" la France. "Ne rétrécissons pas la France, ne rétrécissons pas ses rêves. Je vous demande le cœur battant de m’accorder votre confiance pour qu’ensemble, cette confiance, nous l’accordions aux Français", lance Manuel Valls, en conclusion de son discours de politique générale, qui a duré environ 47 minutes, d’après Le Figaro.