Les deux finalistes de la primaire socialiste François Hollande et Martine Aubry ont tenu hier soir leur dernier meeting de campagne avant le vote décisif du dimanche 16 octobre. Les tractations pour le second tour ont été longues mais se sont finalement révélées payantes pour le député de Corrèze, au grand dam de la maire de Lille qui ne fait plus de cadeau à son rival.
Au lendemain de leur débat télévisé, François Hollande et Martine Aubry passent à l’offensive. Jeudi 13 octobre, les deux prétendants socialistes à la candidature présidentielle se sont affrontés à distance, dans des meetings séparés. La maire de Lille a tenu son ultime meeting dans sa ville, tandis que le député de Corrèze s’est fait acclamer par quelque 1 500 sympathisants à Paris.
A trois jours de l’échéance décisive de la primaire, le ton a commencé à monter et les petites phrases assassines ont fusé dans les deux camps.
Plus combative, Martine Aubry voit en son rival un candidat de la " gauche molle ". Elle se dit être la personne qu’il faut pour représenter "une gauche forte qui s’attaque au système" face à une "droite dure". Dans un entretien publié ce vendredi dans 20 Minutes, la maire de Lille a qualifié son concurrent de "candidat du système", d’autant que les sondages sont sans appel, jugeant que Hollande est "plus facile à battre pour Sarkozy".
Piqué au vif, le député de Corrèze a aussitôt répliqué. "Rien ne m’a été donné", lance-t-il. "Ce que j’ai gagné, je l’ai toujours pris à la droite", enchaîne-t-il. François Hollande a indiqué qu’il "n’était fabriqué par personne d’autres que les électeurs". "Celui qui saura réunir, rassembler, réconcilier sera le vainqueur de l’élection présidentielle", insiste-t-il. "Celui ou celle qui gagnera, c’est celui qui est capable de donner au pays une confiance, celle qu’il a perdue", conclut-il, sans se verser dans des attaques personnelles directes.
De son côté Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne de François Hollande a mis en garde Martine Aubry de ne pas dépasser les bornes. "Attention à ne pas se tromper d’adversaire", lance-t-il, en estimant que "sa rhétorique (celle de l’ex-première secrétaire du PS) évoquait d’autres familles politiques".
Au delà de ces joutes intestines, les préférences s’affichent clairement et les clans se forment progressivement au sein du Parti socialiste.
Depuis quelques jours, les ralliements se sont enchaînés en faveur de François Hollande qui fait désormais figure de rassembleur de la gauche. Après Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et Ségolène Royal, c’est au tour d’Arnaud Montebourg d’annoncer son soutien à François Hollande, au détriment de Martine Aubry qui se retrouve désormais seule contre tous. Pour autant, la maire de Lille n’a rien perdu de sa détermination. Elle affirme être le mieux à même de briguer la présidentielle au printemps prochain.
Il convient de souligner que les deux finalistes de la primaire risquent gros lors du second tour de ce dimanche. Les enjeux de ce scrutin sont en effet énormes car il en va de l’avenir de la gauche. En effet, celle ou celui qui sortira vainqueur des urnes sera chargé de défendre le Parti Socialiste lors de la prochaine élection présidentielle.
Pour rappel, le premier tour du processus socialiste a été marqué par deux faits historiques majeurs : la chute vertigineuse de Ségolène Royal et l’inattendue montée en puissance d’Arnaud Montebourg. Alors même que la malheureuse candidate à la présidentielle de 2007 quitte le podium " en larmes " avec moins de 7% des voix, le député de Saône-et-Loire, lui, jubile à la troisième marche avec 17% des suffrages.
Sauf énorme surprise, la saga des primaires socialistes devrait prendre fin ce dimanche 16 octobre avec la désignation de celle ou celui qui affrontera le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Le scrutin sera organisé sur tout le territoire français mais aussi dans une quarantaine de villes étrangères. Au total, plus de deux millions d’électeurs sont attendus.