" Le quart des étrangers qui ne sont pas d’origine européenne sont au chômage, et les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés ". C’est le ministre de l’Intérieur Claude Guéant qui a dressé ce constat pour défendre la politique du gouvernement visant à réduire l’immigration légale liée au travail. Selon lui, " l’intégration ne va pas si bien que ça, contrairement à ce qu’on dit ". Ses propos tenus sur le plateau d’Europe 1 hier 22 mai ont suscité la colère des organisations de lutte contre le racisme.
"Contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences (issus de l’immigration, ndlr). Il y a de l’ordre de 2 000 personnes (par an, ndlr) qui viennent à ce titre. Mais on n’a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants. Il y a en France de la ressource parmi les Français ", a exposé sur Europe 1 Claude Guéant, se montrant frileux à l’idée d’embaucher des étrangers sur le territoire français. En clair, le ministre de l’Intérieur veut réduire de 200 000 à 180 000 le nombre d’immigrés légaux en France. Ce qui a déclenché une vaste réprobation de l’opinion qui l’accuse de s’inspirer de la devise du Front National " rendre le travail aux Français ".
Poursuivant ses commentaires sur les mauvais chiffres de l’immigration, Claude Guéant a révélé aussi que " les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés ". Mais pour l’association SOS Racisme, " ces échecs " ne sont autres que le reflet des inégalités sociales. " L’échec scolaire est un problème de classe sociale ", estime Dominique Sopo, président de SOS Racisme. " On devrait plutôt se poser la question de comment faire pour que la méritocratie républicaine soit une réalité plutôt que de réduire la population d’immigrés ", propose-t-il. Avant d’ajouter : "Il y a aujourd’hui une tentative extrêmement forte de développer dans l’opinion publique une défiance vis-à-vis de l’étranger pour récupérer l’électorat du Front National".
Même inquiétude de la part de la présidente de l’Union des étudiants juifs de France, Arielle Schwab. D’après elle, Claude " Guéant alimente la peur de l’étranger. Quel que soit le critère choisi, nationalité, couleur de peau, religion, l’autre est perçu comme envahissant, menaçant, gênant. L’étranger est vu comme une épine dans le pied de la France ".