Saisi par des députés socialistes, le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé mardi 10 mai à la Cour de justice de la République (CJR) d’ouvrir une enquête pour abus d’autorité contre Christine Lagarde. La ministre de l’Économie est suspectée d’avoir fait jouer son autorité en faveur de Bernard Tapie lors du règlement de l’affaire qui avait opposé ce dernier au Crédit Lyonnais. Christine Lagarde affirme qu’" on essaie de la salir ".
ll y a un peu plus d’un mois, neuf députés socialistes ont demandé au parquet général de la Cour de cassation de saisir le CJR pour éclaircir le rôle de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, dans le règlement de l’affaire Bernard Tapie/Crédit Lyonnais.
Hier, le procureur Jean-Louis Nadal a donné suite aux requêtes des élus socialistes, estimant qu’il y a "de nombreux motifs de suspecter la régularité, voire la légalité du règlement arbitral litigieux". "C’est une étape normale de la procédure", estime l’entourage de la ministre.
Fin 2007, Christine Lagarde a ordonné la désignation de trois juges-arbitres chargés de trancher sur l’affaire qui a opposé pendant douze ans Bernard Tapie au Crédit Lyonnais dans le cadre de la vente d’Adidas. Mais l’arbitrage de ce dossier est aujourd’hui jugé favorable à Bernard Tapie. En juillet 2008, ce dernier s’est vu attribuer 285 millions d’euros - une somme puisée dans les fonds publics - à titre de dommages et intérêts. En effet, le tribunal arbitral avait condamné le Consortium de réalisation (CDR) - gérant du passif du Crédit Lyonnais - à verser 240 millions d’euros de réparation à Bernard Tapie. S’y ajoutaient 45 millions d’euros pour préjudice moral. Cette décision avait provoqué un tollé à gauche.
Dans une interview publiée ce mercredi 11 mai par Le Figaro, la ministre de l’Economie Christine Lagarde dénonce des accusations visant à "salir" sa réputation. "On essaie de me salir, sans doute pour faire oublier que tout cela, c’est l’héritage des petits arrangements de l’époque Mitterrand, où ceux qui donnent aujourd’hui des leçons de vertu étaient aux commandes", se défend Christine Lagarde. "Pour ma part, j’ai toujours agi avec rigueur et transparence, dans un seul sens : celui de l’intérêt général", assure la ministre. Et d’ajouter : "Je le répète, je suis sereine comme je l’ai toujours été sur ce dossier".