Le fiancé de Nafissatou Diallo, Amara Tarawally, 35 ans sort de son silence. Des journalistes du Daily Beast l’ont rencontré mardi 12 juillet dans l’après-midi au pénitencier d’Eloy, en Arizona.
La crédibilité de Nafissatou Diallo dans l’affaire Strauss-Khan s’est effondrée en partie à cause d’un appel téléphonique qu’elle a passé le lendemain des faits. D’après la traduction établie par le bureau du procureur de New York, elle avait alors confié à son fiancé, retenu dans une prison en Arizona : « Ne t’en fais pas, ce type a beaucoup d’argent. Je sais ce que je fais ».
The Daily Beast a identifié l’homme et l’a contacté : Amara Tarawally. Ce dernier purge une peine de plusieurs mois de prison après avoir été arrêté avec une grande quantité de marijuana en juillet 2010. Il risque également une expulsion du territoire américain sur lequel il se trouve en situation irrégulière.
« Je sais qu’il (DSK) a fait ce qu’il a fait. Elle ne s’en remettra jamais. Elle n’a aucune raison de mentir », a-t-il affirmé dans l’entretien. Il a indiqué en outre que sa fiancée n’avait jamais entendu parler de Dominique Strauss-Khan avant l’incident. Il souligne également : « C’est une femme très honnête, une musulmane dévouée. Elle n’a jamais arnaqué personne par le passé et n’est pas liée à un quelconque trafic de drogue ou blanchiment d’argent ».
Le journaliste l’a également interrogé sur le fait qu’il puisse être celui qui a déposé d’importantes sommes d’argent sur le compte bancaire de la femme de chambre, Amara Tarawally répond que c’est « complètement faux ». Il dément aussi « catégoriquement » le fait qu’elle se prostitue occasionnellement.
Concernant la fameuse conversation téléphonique entre Nafissatou et son fiancé, ce dernier affirme que l’appel a eu lieu plusieurs jours après le terrible 14 mai. Toutefois, d’après l’enquête, le coup de téléphone a été fait le 15 mai et ce n’est pas Nafissatou qui a appelé mais le fiancé. En effet, aux Etats-Unis, les détenus sont autorisés à téléphoner, mais pas à recevoir d’appel et la conversation a été enregistrée.
Si Tarawally admet qu’il a effectivement appelé Nafissatou, il confirme que l’appel a eu lieu bien après le 15 mai. Le fiancé appelait pour prévenir Nafissatou Diallo qu’il avait reçu la visite d’un policier new-yorkais, et voulait qu’elle en parle à son avocat. C’est à ce moment-là qu’elle aurait répondu, « Je sais ce que je fais ».
Selon Kenneth Thompson, l’avocat de la victime présumée, il s’agirait d’une mauvaise traduction, sortie de son contexte. Il n’a, par ailleurs, pas eu accès à l’enregistrement : « Depuis le 30 juin (date de rendu de la traduction, Ndlr), les procureurs m’ont dit qu’ils autoriseraient la victime à écouter la cassette, et pratiquement tous les jours depuis, je leur ai rappelé. Mais ils refusent de le faire. Et c’est simplement mal ».
Amara Tarawally a expliqué avoir rencontré la femme de chambre « il y a six ou sept ans », en 2004, alors qu’elle demandait l’asile politique. Il l’a soutient depuis cette sombre affaire : « Je lui ai dit de prier, prier, prier », conclue-t-il.