Le 19 mars prochain sera commémorée la fin de la guerre d’Algérie. Une commémoration critiquée par l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy. "Le 19 mars reste au cœur d’un débat douloureux", écrit l’ancien chef de l’Etat dans une tribune publiée sur Le Figaro.
"Choisir la date du 19 mars, que certains continuent à considérer comme une défaite militaire de la France, c’est en quelque sorte adopter le point de vue des uns contre les autres, c’est considérer qu’il y a désormais un bon et un mauvais côté de l’Histoire et que la France était du mauvais côté", explique Nicolas Sarkozy, ex-chef de l’Etat et président des Républicains. Dans une tribune publiée sur Le Figaro, il a fustigé la démarche de son successeur, François Hollande, de vouloir commémorer le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie.
Nicolas Sarkozy critique surtout le choix de la date, auparavant célébrée le 5 décembre avec la "journée nationale d’hommage aux ’Morts pour la France’ pendant la guerre d’Algérie". Ce n’est qu’en novembre 2012 que le gouvernement socialiste a décidé de faire de cette date la "journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie".
"Le président de la République et sa majorité ont choisi délibérément le 19 mars, date du cessez-le-feu qui suivit la signature des accords d’Évian pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie", rappelle Nicolas Sarkozy. "Pour qu’une commémoration soit commune, il faut que la date célébrée soit acceptée par tous. Or, chacun sait qu’il n’en est rien, le 19 mars reste au cœur d’un débat douloureux", écrit-il encore.
"Le conflit n’avait pas cessé au lendemain des accords d’Évian", indique-t-il en rappelant "le rapatriement des Français d’Algérie", "les victimes des attentats" ou encore "les exactions contre les harkis". Selon lui, ces événements survenus après le cessez-le-feu ne peuvent être "rejetés vers le purgatoire de notre mémoire collective".
Nicolas Sarkozy conclut sa tribune ainsi : "La guerre d’Algérie a été un événement dramatique, des hommes et des femmes portent encore dans leur souvenir comme dans leur chair la trace de cette Histoire vivante, ne déclenchons pas une guerre des mémoires".
Christian Estrosi, président de la région PACA et maire de Nice (LR), rejoint également l’idée de son leader. Le 11 mars dernier, il avait déjà annoncé son refus de participer aux commémorations du 19 mars, qu’il juge comme étant une "provocation inqualifiable à l’égard de l’ensemble de la communauté rapatriée et des harkis".
@cestrosi refuse de participer aux cérémonies du 19 mars, "provocation inqualifiable à l'égard des harkis" - https://t.co/y4cBXuzFRt
— France Bleu Provence (@bleuprovence) 11 mars 2016
Dès jeudi soir, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a pointé du doigt cette tribune sur Twitter. "Il est temps, voir urgent de tourner la page", écrit-il.
.@NicolasSarkozy rejoue la bataille d'Alger ! Il est temps, voire urgent de tourner la page.
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 17 mars 2016
François Hollande prononcera samedi un discours devant le mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, situé au Quai Branly. C’est la première fois qu’un président de la République commémore la date du 19 mars.
Voir notre dossier sur Nicolas Sarkozy