Lors d’une interview exclusive sur BFMTV, le Premier ministre Manuel Valls est revenu sur le projet de réforme de la déchéance de nationalité. Il refuse d’étendre la mesure à tous les Français condamnés pour terrorisme, et non aux seuls binationaux.
Invité de Ruth Elkrief sur BFMTV, Manuel Valls a défendu le projet de réforme de la déchéance de nationalité, notamment son extension aux binationaux condamnés pour crimes terroristes. Le Premier ministre a toutefois nuancé et expliqué qu’il veut être "extrêmement clair" sur son refus d’étendre la déchéance de nationalité à tous les Français condamnés pour terrorisme, et non aux seuls binationaux. La France "ne peut pas créer d’apatrides, c’est-à-dire des personnes sans nationalité", a-t-il souligné. Manuel Valls écarte ainsi définitivement cette solution qui était sur la table depuis quelques jours dans la majorité socialiste afin de convaincre certains membres du parti encore réticents.
Le chef du gouvernement réfute également l’argument selon lequel la déchéance de nationalité diviserait les Français en deux catégories. S’il y a "deux catégories", c’est d’une part "une poignée de terroristes" et de l’autre "l’ensemble des Français", révèle-t-il. "Dire que tout binational se sent concerné [par la réforme constitutionnelle], c’est faire de chaque binational un terroriste en puissance, c’est inadmissible", a déclaré Manuel Valls. Pour lui, la déchéance de nationalité est "une mesure implacable" prise parce que les terroristes "déchirent le contrat républicain".
Concernant les inquiétudes au sein de la gauche, le Premier ministre a parlé d’"interrogations légitimes". Mais, il est convaincu "que la révision de la Constitution sera adoptée à une très large majorité. Ce besoin d’unité et de rassemblement que demandent les Français va s’imposer aux parlementaires", a-t-il assuré. Il faut en effet une majorité de 3/5e des parlementaires pour modifier la Constitution. Il reste dans tous les cas confiant : "Ce que je constate, c’est le soutien et l’approbation des Français", affirme-t-il.
Manuel Valls a également passé en revue la baisse du chômage et la candidature de François Hollande en 2017. "Le chômage baissera" avant la fin du quinquennat, a-t-il martelé, en soutien au chef de l’Etat. Concernant les présidentielles, il a réaffirmé sa fidélité à François Hollande. "C’est dans l’ordre des choses" que le président de la République soit candidat à sa propre succession, a-t-il lâché.