Les politiques ont réagi sévèrement à l’interview accordée lundi par François Hollande : "Un discours du passé bien triste", "une intervention de l’évitement d’un président manifestement désarmé et désarçonné"…
Si pour Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, "le président de la République a trouvé le bon tempo et les bonnes priorités" en se focalisant sur "l’apprentissage, le numérique à l’école et la réduction de l’impôt, tout en étant exigeant dans la lutte contre le chômage", la lecture par rapport au discours présidentiel du 14 juillet fut autrement du côté de l’opposition.
UMP, FN, UDI, aucun n’a accordé du crédit aux propos de François Hollande. Même les écologistes et les communistes n’ont pas caché leur déception. Sans surprise, les critiques les plus sévères, François Hollande les doit au parti de droite et l’extrême droite comme en témoignent les réactions recueillies par Le Point.
"Faut-il à ce point être déconnecté de la réalité pour ne pas voir que croissance, chômage, déficit, la France est le seul des grands pays européens à accumuler les mauvais résultats pour l’ensemble des principaux indicateurs économiques", s’indigne dans un communiqué Luc Chatel, secrétaire général par intérim au sein de l’UMP .
"Face à cela, M. Hollande semble hésiter entre déni et impuissance. M. Hollande a donné aujourd’hui le sentiment de n’être plus que le commentateur de ses propres échecs. (...) Manifestement, il a un problème de tempo. On l’a entendu parler, presque dans la même phrase, d’aller vite mais de prendre son temps, d’accélérer mais de ne pas se précipiter, semblant comme dépassé par la vitesse du monde aujourd’hui", poursuit encore l’homme fort de la droite.
Sur son site, le FN a adopté le même ton vis-à-vis du locataire de l’Elysée. "L’interview du président de la République a été l’occasion d’une nouvelle démonstration d’inconsistance de la part de François Hollande", annonce en préambule le parti de Marine Le Pen qui estime que le chef de Etat est apparu hier "désabusé de lui-même, immergé dans un déni stupéfiant de la réalité, nous expliquant que la ‘ reprise est là ‘ et la ‘ crise derrière nous’". A travers ce discours, "il a témoigné de son ignorance de la vie quotidienne des Français", rajoute encore le FN, regrettant que dans ce discours présidentiel, il n’y avait "aucune annonce" mais surtout "des paroles creuses".
Florian Philippot, vice-président du parti, d’insister encore : "Ça crée de la désespérance de venir devant les Français comme ça tous les ans, ou même plus régulièrement, et de ne rien dire de nouveau, de refaire les mêmes fausses promesses, parce que les indicateurs sont au rouge. La reprise n’est évidemment pas là, on est à 0 % de croissance, le chômage augmente rapidement, il y a de plus en plus de pauvreté, notamment chez les jeunes et les personnes âgées". "Bref, il serait temps de changer réellement de politique", conclut-il sur le micro d’ iTélé.
"Le président de la République est sans doute la seule personne en France qui pense encore que la reprise est au coin de la rue, oubliant d’évoquer l’euro cher qui plombe nos exportations, les 350 000 travailleurs détachés qui pèsent sur l’emploi et les délocalisations massives", assène à son tour Nicolas Dupont-Aignan du Debout la République. Selon lui, "en essayant de défendre un bilan qui est catastrophique pour notre pays, François Hollande continue de se murer dans un déni de réalité".
Yves Jégo, candidat à la présidence de l’UDI, regrette de son côté que "de 14 juillet en 14 juillet, le président répète sans cesse les mêmes objectifs sur le chômage, la simplification, la baisse des impôts ou encore l’investissement. Objectifs qu’il n’atteint jamais, donnant ainsi l’image de l’impuissance publique qu’il incarne depuis son élection". A son avis, "cette nouvelle intervention télévisée sera à nouveau celle de l’évitement d’un président manifestement désarmé et désarçonné par un retournement économique qu’il se révèle incapable de provoquer".
Chez l’EELV, la déception est d’autant plus grande. "Il est tout à fait navrant que le président de la République oublie l’écologie dès qu’il n’y a plus de ministres écologistes au gouvernement. (...) Le bonheur ne passe donc que par des baisses d’impôts... pour ceux qui en payent. (...) EELV déplore l’absence de vision présidentielle sur l’Europe ou sur ce qui fonde notre modèle français, l’égalité, la protection sociale, la santé, la justice. Un discours du passé bien triste pour une journée de commémoration de la prise de la Bastille et de la fête de la Fédération de 1790", écrit le parti dans un communiqué.
Pierre Laurent secrétaire national du PCF va encore plus loin en qualifiant François Hollande de "laborieux et incapable d’obtenir le moindre résultat sur l’emploi et la croissance" . "Le président de la République propose de ne rien changer pour les trois prochaines années en déroulant fidèlement le fil que lui dicte le Medef avec son pacte de responsabilité. (...) Aucune annonce, aucune vision, aucune ambition : voila pour résumer l’essentiel du propos présidentiel en ce 14 juillet, si ce n’est de se revoir l’an prochain, à la même heure et au même endroit", s’emporte le communiste.